Syphilis, tréponème, Christophe Colomb, TPHA et VDRL
Ahhh la syphilis, cette merveilleuse maladie qui nous a donné Le Horla de Guy de Maupassant et possiblement la folie paranoïaque et meurtrière d’Adolf Hitler ! Car oui, la syphilis est une maladie sexuellement transmissible (MST) qui, si elle n’est pas traitée à temps, peut à terme causer des dégâts neurologiques graves chez près de 1 patient non traité sur 10. D’où la présence fantomatique du Horla qu’a imaginée Maupassant à la fin de sa vie !
Hypothèses colombienne et précolombienne
Deux hypothèses s’affrontent pour déterminer l’origine géographique de la syphilis telle qu’on la connaît depuis l’épidémie de Naples de 1495.
Selon l’hypothèse dite « colombienne » (rien à voir avec le pays !), la syphilis nous viendrait d’Amérique. Elle serait arrivée en Europe à bord des caravelles de Christophe Colomb. Maigre revanche pour les Natifs et Natives d’Amérique, qui furent décimé·e·s par toutes les autres MST qui avaient fait le voyage aller. La chronologie des évènements plaide en faveur de cette hypothèse, le premier voyage du Génois ayant eu lieu 1492. Mais attention, ce n’est pas une preuve irréfragable : rappelons-nous qu’en science, le caractère consécutif de deux faits ne prouve pas à lui seul un lien de cause à effet !
Car il semblerait que la syphilis existait déjà chez nous au Moyen-âge sous une autre forme – c’est l’hypothèse « précolombienne » – mais qui n’était pas aussi virulente que la souche qui a dévasté l’Ancien monde à partir de la fin du XVè siècle. Des indices archéologiques (squelettes présentant des déformations osseuses caractéristiques) viennent supporter cette hypothèse sans qu’il soit pour autant possible d’affirmer qu’il s’agisse bien de notre syphilis contemporaine.
Le débat en tout cas fait rage dans la communauté médicale depuis plus d’un siècle, et comme souvent en science, il est possible que les deux hypothèses comportent une part de vérité.
Très rapidement identifié comme une MST dans une Europe post-Gutenberg où les nouvelles se répandaient aussi vite que l’imprimerie et la chtouille, le « mal napolitain », ou « mal français » ou « anglais » (selon qui vous avez envie de shamer), s’est répandu dans toute l’Europe et le reste de l’Ancien monde, causant jusqu’au XXè siècle des millions de morts, toutes classes sociales confondues. Que vous fussiez roi comme François Ier ou simple roturièr·e, nul·le n’y échappait : la syphilis, une sacrée gauchiste !
Le tréponème pâle, ce sombre ennemi
L’agent pathogène responsable de la syphilis est une bactérie, le tréponème pâle. C’est un peu le mouton pâle de la famille des tréponèmes, puisqu’il est le seul à être sexuellement transmissible.
Evidemment, vous pouvez le contracter par transfusion sanguine d’un donneur ou d’une donneuse infecté·e, par voie transplacentaire (si vous n’avez pas encore coupé le cordon ombilical avec Maman et qu’elle a été un peu gourgandine). Mais surtout, vous pouvez le contracter lors d’un rapport sexuel vaginal, anal ou bucco-génital, même si vous portez une protection type capote.
Notez bien ce qui vient d’être dit : le tréponème voyage assez facilement d’un corps à un autre, et même si vous vous protégez, il y a des risques, certes moindres, mais bien réels, de le choper !
De plus, dans un grand nombre de cas, la syphilis est asymptomatique, ou alors les symptômes sont extrêmement discrets. En particulier, le premier stade de la syphilis est caractérisé par l’apparition d’une sorte de petit ulcère appelé le « chancre d’inoculation », ou « chancre syphilitique », qui est très contagieux et qui correspond au point par lequel la bactérie est entrée dans votre organisme. Il apparaît en général à partir de 3 semaines après l’infection, et il peut se cacher n’importe où : anus, amygdale, gland, gorge, langue, lèvre, pénis, urètre, vagin, vulve. Souvent vous ne pourrez même pas le voir, ou alors vous le verrez, mais risquez de le prendre pour un banal ulcère sans importance.
La pénicilline, une amie qui va te faire mal
La syphilis se traite avec une bonne injection intramusculaire de pénicilline dans les fesses. Ce traitement est d’une rare efficacité, puisqu’il règle le problème dans plus de 95% des cas (une seconde dose peut parfois être requise). Mais surtout, contrairement aux autres MST traitées par antibiotiques, on n’observe pas le développement de résistances au médicament.
Assurez-vous néanmoins que votre médecin ou votre médecine vous prescrive un anesthésiant pour accompagner la pénicilline, car la molécule est grosse et ça brûle sa mère quand on l’injecte 🙂
Conservez bien vos anciennes analyses !
Songez à bien conserver toutes vos analyses relatives à la syphilis, ou à les demander si vous changez de praticien ou praticienne, car votre historique est indispensable pour leur permettre d’interpréter vos résultats, surtout si vous avez déjà été contaminé une première fois.
En effet, le tréponème ne se laisse pas spoter si facilement et le diagnostic repose d’une part sur votre contexte clinique, d’autre part sur le croisement et l’interprétation de deux tests sérologiques : le TPHA (Treponema Pallidum Hemagglutinations Assay), qui est un test spécifique au tréponème, et le VDRL (Venereal Disease Research Laboratory), non spécifique au tréponème.
Concernant le premier volet, il sera important de savoir si vous avez eu des rapports sexuels récents, s’ils ont été protégés ou non, et si vous avez eu de multiples partenaires. Il va de soi que si vous êtes chaste ou que vous ne couchez que dans les liens sacrés du mariage, la probabilité que vous ayez contracté le tréponème sont faibles. A l’inverse, si c’est Sodome et Gomorrhe chaque samedi soir dans le plumard, votre médecin·e envisagera plus sérieusement l’hypothèse d’une contamination.
Quant aux tests sérologiques, ils sont d’une lecture assez difficile.
En principe, si vous n’avez jamais été contaminé, les deux tests reviendront négatifs. En revanche, si vous avez été infecté, le TPHA aura tendance à se positiver en premier, suivi du VDRL. Ainsi, si vous effectuez un test dans un laps de temps relativement court, vous pouvez vous retrouver avec la configuration suivante : TPHA positif et VDRL négatif. Une configuration où les deux tests sont positifs indique en revanche à coup sûr une infection actuelle.
Précisons que si vous avez déjà été contaminé, le TPHA restera positif durant plusieurs années, y compris après traitement : c’est une cicatrice sérologique que laisse la syphilis. Ainsi, une configuration avec TPHA positif et VDRL négatif n’indique pas forcément une infection actuelle. D’où l’importance du contexte clinique pour permettre à votre infectiologue d’interpréter vos résultats !
A cet égard, l’historique de vos résultats au VDRL sont essentiels pour déterminer si vous avez de nouveau attrapé le tréponème ou si vous êtes en voie de rémission. D’ailleurs, le TPHA est de plus en plus délaissé au profit du seul VDRL.
Dans tous les cas, évitez l’autodiagnostic : en cas de doute, parlez-en à votre infectiologue. Et dès lors que vous êtes sexuellement actif·ve, en particulier si vous avez plusieurs partenaires, et même si vous mettez la capote, faites-vous tester régulièrement pour la syphilis !
Des bisous sur vos chaudes soirées saturnales ! 😉
Sylvain Cabrol
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Le public entre. Sur scène, un piano, un bocal plein de billes : c’est tout. Ils sont trois, deux comédiens et une comédienne, vêtu.es de combinaisons semblables – l’un rouge, l’autre vert, la troisième bleue – en plein échauffement à vue. Les articulations craquent. Ça discute.
« – Quelle musique pour la fin du monde ?
– Sparkles, de Radwimps ! »
Ils jouent au « jeu de la musique ». L’un pose une question, les deux autres doivent répondre. Quelle musique pour ton enterrement ? Et pour ton mariage ? Et pour ton meilleur petit-déjeuner ? On débat, on se contredit et parfois on se retrouve. Le trio s’amuse, chauffe sa voix ; bruit de fond tandis que les gradins se remplissent. Puis le public se tait, et alors c’est le show : à fond la musique, les lumières multicolores et les chorégraphies.
L’idée est venue d’une musique en particulier, une musique qui en a amené une autre, puis une autre, et ainsi de suite… une Playlist autour de laquelle le spectacle s’est construit. On nous emmène, de manière frénétique, au travers des classiques de la chanson françaises, de J-Pop et des tubes iconiques des années 2000. Les comédien.es évoluent sur scène avec folie, dansent, lancent musique après musique, évoquent les rêves qui les relient et les émotions qui les remuent – avec en fil rouge, leurs souvenirs.
Car Playlist parle bien de ça, de musique et d’émotion. D’une musique qui peut, dans ses paroles et sa mélodie, faire écho en chacun de nous. Un écho qui rebondit différemment, qui mue et se construit, une réponse plurielle au départ d’un même son. Cette richesse, ils l’explorent, jouent avec et sollicitent même le public : si votre plus grand amour revenait, après que vous ayiez tiré un trait et continué votre route, s’il était là, sur votre pallier, et qu’il vous disait avoir tout quitté pour vous… quelle musique auriez-vous en tête ?
On est presque déçu que le spectacle ne dure pas plus longtemps, mais c’est que le jeu avec le public est intelligemment mené et le temps passe vite. Playlist est un spectacle drôle et touchant, qui provoque le rire et, l’air de rien, tout à la fin, nous touche en douceur. Une musique parle de tout, des moments de joie comme de tristesse ; elle peut évoquer le passé, les erreurs, les regrets. Les moments sombres qui, d’une manière ou d’une autre, nous ramèneront à ce qui nous rend humains, sans pour autant nous enlever l’espoir. Et ça, Playlist le retranscrit bien.
Retrouvez Aline Bonvin, Philippe Annoni et Jérémie Nicolet sur leurs réseaux.
Le résumé donné par Friscènes, c’est ici.
Il n’y a pas de prochaine date connue pour ce spectacle. L’actualité des comédiens et la poursuite de ce spectacle est à suivre.
Amélie Gyger
Alors on danse ?
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