S’écouter, se surpasser : la musique chez Ouroboros
Consuelo pour la chronique musique
L’Ensemble Ouroboros de Fribourg regroupe des musiciens amateurs et professionnels entre 18 et 35 ans. Unimix rencontre Donia Hasler et Frédéric Zosso pour en savoir plus. Fondatrice, présidente et flûtiste, Donia est assistante diplômée auprès de la Faculté d’Histoire contemporaine Unifr. Frédéric, chef en charge et professeur de saxophone au conservatoire, obtenu le diplôme en direction d’orchestre de la Hochschule der Künste Bern et entamée la carrière internationale, il se distingue sur la scène musicale fribourgeoise. Répétitions à un rythme soutenu, organisation d’événements, crise sanitaire, rien ne peut arrêter ces jeunes animés d’une passion pour les challenges.
UNIMIX : « Donia, quand et comment as-tu eu cette idée et quels étaient tes objectifs au départ ? »
DONIA : « Tout a commencé en 2018. J’avais envie de jouer dans un orchestre amateur, mais il n’y avait pas de place dans ceux déjà existants à Fribourg. J’en ai parlé avec d’autres étudiants qui à l’époque étudiaient la musicologie avec moi. On s’est fixé les objectifs de créer un nouvel ensemble et de faire découvrir un répertoire sortant du mainstream, en profitant de notre approche scientifique au sein d’une commission musicale. »
U : « Quelle est la signification du nom Ouroboros ? Y a-t-il un lien avec la conception à la base de l’orchestre, voire de la musique ? »
D : « Il s’agit de l’ancien dragon qui se mord la queue, symbole du renouvellement continu. Le comité administratif était à la recherche de quelque chose de différent, pas forcément en italien, en français ou un jeu de mode. Ceci est sorti par hasard, mais en discutant on s’est rendu compte qu’il correspond à la représentation d’un ensemble de jeunes. Puis, la musique en soi est l’art dynamique par excellence. »
U : « Combien de saisons avez-vous organisées à ce jour ? »
D : « Jouées trois, planifiées cinq. Le Covid nous a obligés à renvoyer deux productions. En remontant à rebours, les derniers concerts titrés Sueños y Ritmos ont eu lieu en janvier 2020 au Collège Gambach. Le programme comprenait des œuvres de Tomás Bretón, Edward Elgar, Joaquín Turina, Arturo Márquez, et notamment le Concierto de Aranjuez de Joaquín Rodrigo, pour lequel nous avons invité Pierre Meyer en tant que soliste à la guitare. En juin 2019, c’était le tour des compositeurs nordiques, comme Jean Sibelius et Johan Svendsen. En janvier 2019, le concert symphonique s’est axé autour de Gioacchino Rossini. »
U : « Comment soutenez-vous financièrement tous ces projets ? »
D : « On a plusieurs sources : les subventions publiques comme la Loterie Romande ou la Ville de Fribourg, les collectes après les événements, un système de membres-ami.e.s., ou encore les cotisations des musiciens. »
U : « Merci Donia pour cet aperçu à 360 degrés. Or, Frédéric, on te retrouve également sur le podium devant l’harmonie La Cordiale de Neyruz et la brass-band L’avenir de Barberêche-Courtepin. Comment es-tu tombé sur Donia ? Qui a cherché qui ? »
FRÉDÉRIC : « Dans le cadre de mes études à Berne, j’ai beaucoup discuté avec mon ami et mentor Philippe Bach à propos de mon futur de chef. Il ne m’a prospecté que deux options : soit partir à l’étranger, soit créer un orchestre. Puis, un autre collègue du conservatoire m’a dit avoir vu passer un email d’une certaine Donia qui voulait lancer un ensemble nouveau. J’ai sauté sur l’occasion et j’ai pris contact avec elle. Les destins se sont croisés. »
U : « Combien de stress y a-t-il à gérer pendant la préparation d’un concert ? Comment s’entraîne un chef et prépare-t-il son groupe ? »
F : « Avant la session, la plupart du stress se concentre autour de la gestion de l’effectif. Tout comme son nom, cet ensemble est assujetti au renouvellement continu des musiciens amateurs, vu que la majorité d’entre-eux est prise par l’uni. Cependant, il faut s’adapter, puisque les absences peuvent devenir nombreuses et graver sur le résultat collectif. Par contre, les jeux sont faits pendant le concert, donc il n’y a qu’à prendre plaisir. »
U : « Quelles sont les qualités d’un bon chef ? Que préfères-tu de ton métier ? »
F : « Ce qui me parle le plus c’est l’authenticité du chef, comment il est devant son orchestre, comment il essaie de tirer le maximum de chaque interprète autant au niveau musical que proprement humain. Pour moi, l’essentiel est être à l’écoute, transmettre confiance aux musiciens, leur donner envie de se surpasser. Il faut trouver l’énergie de répéter des passages mille fois, soigner les détails, équilibrer les cordes avec les vents, faire sortir chaque voix. Pour un concert comme Sueños y Ritmos, il faut maîtriser l’aspect rythmique de la musique latine, afin que tout le monde joue avec de l’émotion. Quand on parle de musique, on ne peut pas tricher. Les chefs sont confrontés au défi de se remettre toujours en question, mais c’est ça qui rend véritablement unique ce métier. »
U : « Comment êtes-vous en train de faire face à la situation actuelle et à l’avenir qui se profile ? »
F : « On ne se laisse pas abattre. On est en pleine session de musique de chambre pour préparer des enregistrements vidéo à diffuser sur les réseaux sociaux. Pour l’été, on a déjà plusieurs solutions. »
U : « Il ne nous reste donc qu’à vous adresser les meilleurs vœux pour vos projets futurs ! »
Envie de rejoindre l’ensemble ? Prends contact avec Ouroboros !
www.ensemble-ouroboros.ch
info@ensemble-ouroboros.ch
Ecoute l’interview et les extraits musicaux :
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Le public entre. Sur scène, un piano, un bocal plein de billes : c’est tout. Ils sont trois, deux comédiens et une comédienne, vêtu.es de combinaisons semblables – l’un rouge, l’autre vert, la troisième bleue – en plein échauffement à vue. Les articulations craquent. Ça discute.
« – Quelle musique pour la fin du monde ?
– Sparkles, de Radwimps ! »
Ils jouent au « jeu de la musique ». L’un pose une question, les deux autres doivent répondre. Quelle musique pour ton enterrement ? Et pour ton mariage ? Et pour ton meilleur petit-déjeuner ? On débat, on se contredit et parfois on se retrouve. Le trio s’amuse, chauffe sa voix ; bruit de fond tandis que les gradins se remplissent. Puis le public se tait, et alors c’est le show : à fond la musique, les lumières multicolores et les chorégraphies.
L’idée est venue d’une musique en particulier, une musique qui en a amené une autre, puis une autre, et ainsi de suite… une Playlist autour de laquelle le spectacle s’est construit. On nous emmène, de manière frénétique, au travers des classiques de la chanson françaises, de J-Pop et des tubes iconiques des années 2000. Les comédien.es évoluent sur scène avec folie, dansent, lancent musique après musique, évoquent les rêves qui les relient et les émotions qui les remuent – avec en fil rouge, leurs souvenirs.
Car Playlist parle bien de ça, de musique et d’émotion. D’une musique qui peut, dans ses paroles et sa mélodie, faire écho en chacun de nous. Un écho qui rebondit différemment, qui mue et se construit, une réponse plurielle au départ d’un même son. Cette richesse, ils l’explorent, jouent avec et sollicitent même le public : si votre plus grand amour revenait, après que vous ayiez tiré un trait et continué votre route, s’il était là, sur votre pallier, et qu’il vous disait avoir tout quitté pour vous… quelle musique auriez-vous en tête ?
On est presque déçu que le spectacle ne dure pas plus longtemps, mais c’est que le jeu avec le public est intelligemment mené et le temps passe vite. Playlist est un spectacle drôle et touchant, qui provoque le rire et, l’air de rien, tout à la fin, nous touche en douceur. Une musique parle de tout, des moments de joie comme de tristesse ; elle peut évoquer le passé, les erreurs, les regrets. Les moments sombres qui, d’une manière ou d’une autre, nous ramèneront à ce qui nous rend humains, sans pour autant nous enlever l’espoir. Et ça, Playlist le retranscrit bien.
Retrouvez Aline Bonvin, Philippe Annoni et Jérémie Nicolet sur leurs réseaux.
Le résumé donné par Friscènes, c’est ici.
Il n’y a pas de prochaine date connue pour ce spectacle. L’actualité des comédiens et la poursuite de ce spectacle est à suivre.
Amélie Gyger
Alors on danse ?
C’est fini… c’est déjà fini… c’est peut-être fini, c’est May B !
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A force de déambuler, je me suis à nouveau retrouvé au théâtre ! C’était jeudi 31 mars à Nuithonie pour assister à une double représentation.
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