Un secret pour résoudre ses problèmes
Pour soigner une brûlure, une verrue ou vos angoisses, si vous faisiez appel non pas à un.e médecin.e, mais par un.e particulier.ère possédant un don spécial ?
En Suisse romande, on les appelle coupe-feu ou faiseur.euse.s de secret selon la région. Des dénominations qui semblent mystiques au premier abord. Il s’agit en fait de personnes qui guérissent leurs patient.e.s par de courtes formules ou des prières. Il n’y a pas d’explication scientifique à cette alternative à la médecine « conventionnelle » : les faiseur.euse.s de secret ne font pas partie du monde académique et ne sont en rien des professionnel.le.s de la médecine.
Quelques caractéristiques du secret
Éthiquement, le principe d’aider celleux dans le besoin prime. Ces personnes ne perçoivent donc pas de rémunération pour leurs services. Chaque faiseur.euse de secret possède sa spécialité : objets ou animaux perdus, mais aussi blessures, hémorragies pour n’en citer que quelques-unes. Un seul coup de téléphone, un SMS ou un courrier mentionnant son problème et ses informations personnelles suffisent au détenteur.trice du secret pour émettre une formule. Plutôt arrangeant à une époque où tout se fait à distance et moderne pour une pratique traditionnelle.
Comme dans tous milieux, l’escroquerie évolue dans l’ombre. Les annonces en ligne prolifèrent et demandent une rémunération, bien que cela soit contraire à la déontologie du milieu. D’autres demandent des paiements sans transmettre une formule valable. Pour éviter les arnaques, il est possible de se référer à la liste officielle des faiseur.euse.s de secret.
Historiquement, la médecine traditionnelle et populaire ne date pas d’aujourd’hui. On parlait par exemple de druides dans le monde celtique puis de sorcières pendant l’Inquisition. Si l’aspect mystérieux du secret peut attiser la curiosité, il suscite également une forme de suspicion envers celleux qui y croient. L’Histoire montre d’ailleurs qu’on a eu plutôt tendance à condamner les personnes possédant ce don.
Le secret dans le milieu hospitalier et dans la société
Bien que peu étudié par le monde académique, le secret n’est pas une pratique taboue, bien au contraire. Au CHUV par exemple, on peut trouver des practicien.ne.s du secret auprès des grand.e.s brûlé.e.s. Le personnel soignant ne rejetant pas l’utilisation de ces obscures traditions pour soulager la douleur de celleux qui souffrent le plus.
Ces praticiens et praticiennes sont surtout connu.es du grand public par le biais du bouche-à-oreille, mais bénéficient parfois d’une belle couverture médiatique. Gisèle* nous raconte par exemple: « J’en ai entendu parler grâce au bouche-à-oreille et aux émissions sur les hôpitaux qui font appel à eux. Sinon, j’ai assisté à la conférence d’un guérisseur valaisan.»
Aujourd’hui encore les détracteurs parlent d’effet placebo. Cet argument est toutefois mitigé par la thèse du Dr. Nicolas Perret, qui montre l’effet placebo ne peut pas constituer la seule explication quant à l’efficacité des formules. La clé du secret réside alors en celleux qui le possèdent. Et personne d’autre ne risque de l’obtenir : il est formellement interdit de divulguer le secret… du secret.
Alors, qu’on y croie ou pas, les faiseur.euse.s de secret ont encore de beaux jours devant elleux !
La liste : https://www.flavie.ch/upload/editor/faiseurs-secrets-suisse-romande.pdf
*Nom connu de la rédaction
Sources
Fournier, C. A. (2017). La pratique du secret ou comment aller mieux quand les réponses institutionnelles ne suffisent plus? Le cas de l’Hôpital du Valais (Suisse). Aller mieux: Approches sociologiques, 253.
KASSER, S. (2014). Place des faiseurs de secret au Centre des Brûlés du CHUV. Université de Lausanne.
Le mystère des faiseurs de secrets (2019) https://houseofswitzerland.org/fr/swissstories/societe/le-mystere-des-faiseurs-de-secret Consulté le 29.01.2021
Perret, N. (2009) Place des coupeurs de feu dans la prise en charge ambulatoire et hospitalière des brûlures en Haute-Savoie en 2007. Médecine humaine et pathologie.


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Le public entre. Sur scène, un piano, un bocal plein de billes : c’est tout. Ils sont trois, deux comédiens et une comédienne, vêtu.es de combinaisons semblables – l’un rouge, l’autre vert, la troisième bleue – en plein échauffement à vue. Les articulations craquent. Ça discute.
« – Quelle musique pour la fin du monde ?
– Sparkles, de Radwimps ! »
Ils jouent au « jeu de la musique ». L’un pose une question, les deux autres doivent répondre. Quelle musique pour ton enterrement ? Et pour ton mariage ? Et pour ton meilleur petit-déjeuner ? On débat, on se contredit et parfois on se retrouve. Le trio s’amuse, chauffe sa voix ; bruit de fond tandis que les gradins se remplissent. Puis le public se tait, et alors c’est le show : à fond la musique, les lumières multicolores et les chorégraphies.

L’idée est venue d’une musique en particulier, une musique qui en a amené une autre, puis une autre, et ainsi de suite… une Playlist autour de laquelle le spectacle s’est construit. On nous emmène, de manière frénétique, au travers des classiques de la chanson françaises, de J-Pop et des tubes iconiques des années 2000. Les comédien.es évoluent sur scène avec folie, dansent, lancent musique après musique, évoquent les rêves qui les relient et les émotions qui les remuent – avec en fil rouge, leurs souvenirs.
Car Playlist parle bien de ça, de musique et d’émotion. D’une musique qui peut, dans ses paroles et sa mélodie, faire écho en chacun de nous. Un écho qui rebondit différemment, qui mue et se construit, une réponse plurielle au départ d’un même son. Cette richesse, ils l’explorent, jouent avec et sollicitent même le public : si votre plus grand amour revenait, après que vous ayiez tiré un trait et continué votre route, s’il était là, sur votre pallier, et qu’il vous disait avoir tout quitté pour vous… quelle musique auriez-vous en tête ?

On est presque déçu que le spectacle ne dure pas plus longtemps, mais c’est que le jeu avec le public est intelligemment mené et le temps passe vite. Playlist est un spectacle drôle et touchant, qui provoque le rire et, l’air de rien, tout à la fin, nous touche en douceur. Une musique parle de tout, des moments de joie comme de tristesse ; elle peut évoquer le passé, les erreurs, les regrets. Les moments sombres qui, d’une manière ou d’une autre, nous ramèneront à ce qui nous rend humains, sans pour autant nous enlever l’espoir. Et ça, Playlist le retranscrit bien.
Retrouvez Aline Bonvin, Philippe Annoni et Jérémie Nicolet sur leurs réseaux.
Le résumé donné par Friscènes, c’est ici.
Il n’y a pas de prochaine date connue pour ce spectacle. L’actualité des comédiens et la poursuite de ce spectacle est à suivre.
Amélie Gyger

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