She loved blossoms more, le rêve éveillé
Direction la séance presse du NIFFF 2024. Ce film connaissait, de ce j’avais entendu, des avis divergents. Un synopsis intrigant avait de quoi me séduire. C’est ainsi que de bonne heure j’ai découvert ce film.
Il serait difficile de communiquer à travers des mots ce que j’ai vu ce matin-là. Comme beaucoup d’autres grands exemples, cette œuvre communique à travers ce qui fait les spécificités de son medium. La mise en scène, le montage, la lumière et les décors convergent pour obtenir un long métrage inquiétant, mêlant des thématiques mélancoliques et des idées loufoques. Le réalisateur Yannis Veslemes livre la quête de trois frères pour ramener leur mère à la vie grâce à une étrange machine. Ces trois frères qui peuvent sembler assez caricaturaux, entre le philosophe dépressif, l’intellectuel travailleur et le junky extravagant, évoluent dans une dimension onirique et cauchemardesque appuyée par des lumières qui renforcent le caractère irréel du récit faisant à la fois rire, grincer et penser. Le fantastique dans d’autres films de la compétition fait irruption dans le cadre du quotidien comme l’a théorisé Todorov ou bien d’autres après lui. Dans « She loved blossoms more » il prend une autre forme, celui d’un linceul, à la fois ombreux et coloré, qui engloutit la rétine, conditionnant notre rapport à la réalité. En d’autres termes, le rêve est omniprésent. Il serait difficile de ne pas faire le rapprochement avec les théories psychanalytiques et le groupe surréaliste qui cherchent un horizon nouveau à travers le subconscient. La figure du père, à la fois allié et menaçante, à la fois obstacle et adjuvante, joué par Dominique Pinon, n’est pas sans rappeler dans une certaine perspective le complexe Oedipien car montré comme un obstacle dont les frères doivent se débarrasser pour s’émanciper. Cette lecture se poursuit avec le personnage de la mère, à la fois omniprésente et absente. Elle se manifeste à travers plusieurs éléments, une fleur portant sa voix et ayant une bouche en forme de vagin ainsi que le personnage de Samantha, que l’on peut interpréter comme un double, qui couche avec les trois frères. En d’autres termes comme le dirait Freud, ils veulent tuer le père et coucher avec la mère. Si la lecture psychanalytique a la fâcheuse tendance de venir s’incruster partout, même lorsqu’elle n’a rien à y faire, elle est ici renforcée par l’influence surréaliste du film, oscillant entre atmosphère éthérée, lumières hallucinatoires et perspectives floutées par des prises de drogues ou images percutantes. Nous pouvons retenir la tête de Samantha, arrachée et coupée en deux par la machine des frères, révélant ainsi un troisième œil et devenant un point de contact, un pont avec un autre monde, laissant passer des mots et des phrases qui informent sur une réalité alternative à la manière d’un sommeil hypnotique comme les pratiquait Robert Desnos. Quel est cet autre monde ? Cette réponse n’est jamais réellement explicitée, c’est un ailleurs, un au-delà, peut-être le subconscient qui nous lie avec la mort, le seul lieu où les défunts subsistent. Un ailleurs qui se mélange à l’ici et maintenant, liant la réalité au rêve à la manière d’un vase communiquant comme le dirait André Breton. Ainsi les thématiques alliant amour et mort, désir et révulsion, bouillonnent dans un sauna qui blesse, fait transpirer rire et pleurer. C’est ainsi que brûle le feu du cinéma, nous imprégnant d’images qui animent la matière grise aussi bien qu’elles font ressentir sur notre peau une sensation de douceur et d’angoisse. C’est l’alliance de la sensation et de la réflexion. C’est l’alliance du corps et de l’esprit. C’est le fantastique.
Maximilian John Bremner
Animale, la bestialité et le traumatisme.
La Camargue et ses courses de taureaux, un soleil abrasif qui fait coller la peau, du sang qui gicle sur les habits et la bave qui coule, savonneuse et bouillante sur le museau de bêtes enragées, voilà l’atmosphère du film « Animale » de Emma Benestan qui est présenté dans la compétition internationale du NiFFF 2024.
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J’ai enfin ris au théâtre cette saison ! Et je retrouve le bonheur grâce à eux ! Merci !
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Un cinéma ? Non. Un théatre? Non plus. Un théâtre cinéma ? Oui !
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C’est une pièce, c’est un monde, c’est un univers ! Que dis-je, c’est un univers ? C’est complétement baroque !
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