Phèdre ! de François Gremaud

« Phèdre », grande pièce classique écrite par Jean Racine, raconte une histoire sortie de la mythologie grecque. Phèdre, la femme de Thésée, tombe follement amoureuse d’Hyppolite, son beau-fils. Lorsqu’elle apprend que son mari ne reviendra pas des enfers, elle avoue sa flamme à son gendre. Cependant, quelques heures plus tard, la surprise est de taille alors que Thésée revient et qu’il faut lui expliquer ce qui s’est passé. C’est là que se mettent en place les mensonges et les malédictions qui entraînent la fin dramatique de la pièce. Ainsi se déroule « Phèdre ».

Et « Phèdre ! », inspirée de la pièce de Jean Racine, se distingue de cette dernière par un point d’exclamation. Cela pourrait simplement marquer la différence entre la pièce classique et la pièce contemporaine, mais son importance est bien plus grande. Ce point d’exclamation transforme une tragédie en une comédie. « Phèdre ! » ne fait pas que raconter l’histoire de « Phèdre », elle la résume en y ajoutant tout un contexte historique, mythologique et même une analyse de la pièce ainsi que le cadre dans lequel elle a été rédigée par Jean Racine. Et ce mélange se fait dans la plus grande des douceurs. L’acteur Romain Daroles (qui est seul sur scène) fait voyager les spectateurs avec fluidité. Sans accroc, la pièce passe du monde de la pièce au temps de son écriture et aux règles strictes qui l’ont formée, sans oublier les quelques références bien plus contemporaines.

Si cette création transporte aussi facilement ses spectateurs, c’est grâce à différents points qui ont été savamment exploités. Le rythme entraînant qui passe de jeux de mots en jeux de mots à des silences frappants, tout en revenant à des alexandrins parfois originaux de « Phèdre », parfois indécelables tant ils se fondent dans le langage de la pièce. Rythme qui met aussi en place une sorte d’interactivité avec le public par des questions rhétoriques laissées en suspens. Cela est sublimé par la gestuelle et les mimiques de Romain Daroles, qui permettent de différencier les personnages avec clarté. En effet, ces derniers ont des caractères marquants et forts malgré leur visage unique.

Si l’on veut relever un autre aspect frappant de la pièce, c’est la scénographie. Le décor se résume au marquage d’un rectangle blanc à même le sol dans lequel se trouve une simple table. Cette sobriété permet aux spectateurs de se laisser emporter par les explications de Romain Daroles sans être attachés à un endroit précis défini par un décor.

Ce qu’il faut retenir de cette pièce, c’est qu’elle est une véritable adaptation comique d’une grande tragédie qui permet d’entrer dans le monde de « Phèdre » par un biais nouveau pour les initiés et les non-initiés au théâtre et au monde grec.

Crédit photo : ©Cloan Nguyen pour le théâtre des Osses

Clem Chuat

Colportage interdit : interview de Daniel Duqué

Le 25 mai dernier, j’ai eu l’occasion d’assister à une projection de presse du dernier long-métrage de Daniel Duqué : Colportage interdit. Ce film m’ayant particulièrement plu, je lui ai consacré une chronique que vous pouvez retrouver sur notre Soundclound.

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Neptune Frost : La machine et le fantôme

Si je devais citer une de mes œuvres cinématographiques préférées, Ghost in the shell de Mamoru Oshii en ferait partie et quand je vis que parmi les film de la compétition officielle se trouvait un de ce genre d’origine Rwandaise, je fus tout naturellement curieux et, après le visionnage, quelques peu désenchanter.

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Titania, ou les rêveries de l’astronaute solitaire

En janvier dernier, Michaël Gay des Combes se trouvait au Nouveau Monde pour une résidence d’écriture organisée par l’Épître : une pièce vide, une semaine d’isolement, tout le temps du monde pour écrire. De-là est née Titania, création théâtrale jouée et présentée dans la petite pièce qui l’a accueilli durant une semaine. Retour sur ce voyage insolite avec Amélie Gyger.

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Mon père est une chanson de variété

Chère belle-maman,

J’ai été fort triste de ne pas t’avoir eue à mes côtés au théâtre Nuithonie pour assister à Mon père est une chanson de variété et j’imagine que ma peine est partagée. Mais ne t’en fais pas, sèche tes larmes car je vais te décrire quelle merveilleuse expérience ce spectacle était.

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FriScènes 2022 – Playlist

Tout juste sorti.es des Teintureries, trois comédien.nes émergent.es, Aline Bonvin, Philippe Annoni et Jérémie Nicolet, se sont produit.es à Friscènes le 9 octobre. Leur spectacle Playlist a été sélectionné dans le cadre du Prix de la Relève suisse romande et créé spécialement pour le festival. Retour sur un spectacle musical.

Les comédien.es déposent des billes dans un bocal… mais pourquoi ? | Photo : Andreas Eggler

Le public entre. Sur scène, un piano, un bocal plein de billes : c’est tout. Ils sont trois, deux comédiens et une comédienne, vêtu.es de combinaisons semblables – l’un rouge, l’autre vert, la troisième bleue – en plein échauffement à vue. Les articulations craquent. Ça discute.

« – Quelle musique pour la fin du monde ? 
   – Sparkles, de Radwimps ! »

Ils jouent au « jeu de la musique ». L’un pose une question, les deux autres doivent répondre. Quelle musique pour ton enterrement ? Et pour ton mariage ? Et pour ton meilleur petit-déjeuner ? On débat, on se contredit et parfois on se retrouve. Le trio s’amuse, chauffe sa voix ; bruit de fond tandis que les gradins se remplissent. Puis le public se tait, et alors c’est le show : à fond la musique, les lumières multicolores et les chorégraphies.

La pièce est aussi construite sur des moments d’impro. | Photo : Andreas Eggler

L’idée est venue d’une musique en particulier, une musique qui en a amené une autre, puis une autre, et ainsi de suite… une Playlist autour de laquelle le spectacle s’est construit. On nous emmène, de manière frénétique, au travers des classiques de la chanson françaises, de J-Pop et des tubes iconiques des années 2000. Les comédien.es évoluent sur scène avec folie, dansent, lancent musique après musique, évoquent les rêves qui les relient et les émotions qui les remuent – avec en fil rouge, leurs souvenirs.

Car Playlist parle bien de ça, de musique et d’émotion. D’une musique qui peut, dans ses paroles et sa mélodie, faire écho en chacun de nous. Un écho qui rebondit différemment, qui mue et se construit, une réponse plurielle au départ d’un même son. Cette richesse, ils l’explorent, jouent avec et sollicitent même le public : si votre plus grand amour revenait, après que vous ayiez tiré un trait et continué votre route, s’il était là, sur votre pallier, et qu’il vous disait avoir tout quitté pour vous… quelle musique auriez-vous en tête ?

Le projet a été imaginé et créé lors d’une soirée entre amis. | Photo : Andreas Eggler

On est presque déçu que le spectacle ne dure pas plus longtemps, mais c’est que le jeu avec le public est intelligemment mené et le temps passe vite. Playlist est un spectacle drôle et touchant, qui provoque le rire et, l’air de rien, tout à la fin, nous touche en douceur. Une musique parle de tout, des moments de joie comme de tristesse ; elle peut évoquer le passé, les erreurs, les regrets. Les moments sombres qui, d’une manière ou d’une autre, nous ramèneront à ce qui nous rend humains, sans pour autant nous enlever l’espoir. Et ça, Playlist le retranscrit bien.

Retrouvez Aline Bonvin, Philippe Annoni et Jérémie Nicolet sur leurs réseaux.
Le résumé donné par Friscènes, c’est ici.
Il n’y a pas de prochaine date connue pour ce spectacle. L’actualité des comédiens et la poursuite de ce spectacle est à suivre.

Amélie Gyger

Alors on danse ?

C’est fini… c’est déjà fini… c’est peut-être fini, c’est May B !

C’est un peu par hasard que je me suis retrouvé le lundi 21 mars à Equilibre pour assister à May B, un spectacle de danse. Je ne m’attendais à rien et la surprise fut grande !

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Deux pièces pour le prix d’une ?

A force de déambuler, je me suis à nouveau retrouvé au théâtre ! C’était jeudi 31 mars à Nuithonie pour assister à une double représentation.

Po-Cheng Tsai est un chorégraphe taïwanais qui a remporté de nombreux concours et qui nous a présenté deux de ses pièces : Timeless et RAGE.

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FIFF 2022 : Quelle image d’Afghanistan ?

Le voyage dans la Perse Ancienne offert par le 36e Festival International du Film de Fribourg (18.03.2022 – 27.03.2022) passe à travers les histoires de 7 réalisateur.trice.s courageux.ses. Tout au long de la route de la soie, 7 films en dari et pashto – les deux langues officielles d’Afghanistan, parmi les 40 qui existent – peignent un scénario merveilleux. Mais quelle image de ce pays aux facettes multiples souhaite reconstruire le FIFF ? Un tour d’horizon s’impose.

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