Neptune Frost : La machine et le fantôme

Si je devais citer une de mes œuvres cinématographiques préférées, Ghost in the shell de Mamoru Oshii en ferait partie et quand je vis que parmi les film de la compétition officielle se trouvait un de ce genre d’origine Rwandaise, je fus tout naturellement curieux et, après le visionnage, quelques peu désenchanter.

Avant d’aller dans les aspects négatifs, Néseptune Frost reste une tentative intéressante de mélange des genres esthétiques et qui tente, tant bien que mal, d’exposer un propos critique sur la société moderne avec un point de vue radical mais assumé en plus d’être porté par des acteurs et actrices de bonne qualité. Néanmoins, malgré sa tentative, le film se fourvoie dans son esthétique qu’on peut distinguer en trois points:

Son côté théâtre, expliquant par le texte ce que le film raconte de son histoire, ses émotions et de son sujet, ce qui est pour un objet cinématographique est un défaut puisque l’image se retrouve dépourvu de sens et de forme, se contentant parfois de quelques effets pour faire cybernétique, et faisant de celle-ci un objet froid, sans âme et sans personnalité nouvelle. Ce côté donne au film un aspect inutilement bavard, donnant une allure prétentieuce à l’œuvre qui rend compliqué et pseudo-spirituelle des phrases que l’on pourrait tourner avec une mise en scène plus volontariste, ce qui aurait permis d’éviter de créer des contradictions dans son propre discours.

Un autre problème du film est sa tentative de faire un univers «cyberpunk» ou afro-futuriste avec une allégorie anarcho-queer dont la subtilité est presque inexistante, quand elle n’est pas dite textuellement par une série de dialogue filmée en plan fixe, pour ne pas dire plus, et la pertinence formelle absente. Qu’on me comprenne bien sûr ce point. L’idée d’une allégorie, surtout dans la science-fiction, est d’être intégrée dans une forme qui a sa propre cohérence narrative. À titre d’exemple, le Snowpiercer de Bong Joon-ho fonctionne formellement, car l’allégorie de la lutte des classes car les différents aspects de son esthétique, tel que les wagons, forme une unité formelle cohérente et ne sont pas non plus une quasi-reproduction de la réalité qu’elle représente. Dans Neptune Frost, les éléments allégoriques sont, au mieux, une représentation directe de l’objet symbolisé (mineur esclave comme ouvrier exploité) et au pire des éléments cryptiques lancés en l’air pour être abandonné jusqu’à réapparaître sans avoir gagné en sens. Pour résumer, ma voisine de séance a sorti une phrase d’une grande pertinence, «c’était faussement perché».

L’ultime point, qui rejoint le premier, est sa pauvreté en terme de mise en scène. Peu ou prou de mouvement de caméra innovant, montage et cadrage ayant une simple fonction instrumentale, éclairage tentant de donné un aspect futuriste tout en ayant aucune valeur émotionnelle. Cet aspect est quelque peu étrange dans un film qui promeut la poésie car le film ne dégage aucune émotion, ce qui fait que le spectateur se retrouve distant, éloigné envers l’œuvre et les personnages qui agissent à l’intérieur de celui-ci et devient, par le fait même, moins impliquer et plus critique envers les incohérences de récit et de forme.

De plus, ce manque d’inventivité dans la forme accentue le côté parfois cheap, que ce soit dans les costumes, les décors ou les effets, comme cet oiseau dont on ne montre que la tête avec un arrière-plan flou qui bouge et je jure que je suis persuadé que le volatile est en réalité tenu par une main ou le fait qu’une scène, devant représenter une zone qui fut bombardée soit tournée au même endroit qu’une scène de mine.

En bref, Neptune Frost n’est pas un mauvais film ,mais manque des moyens de son ambition, où, pour être plus clair, n’a pas l’ambition de ces moyens, matérielle comme artistique.

Maxence

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