Le Diable s’habille en Ferrari
Jérémy Ferrari, surnommé le Prince de l’humour noir, est l’un des nouveaux grands noms de l’humour francophone. Révélé par Laurent Ruquier dans l’émission On n’demande qu’à en rire, Jérémy Ferrari connaît une ascension fulgurante depuis.
Hôte d’honneur au Montreux Comedy Festival
Le prestigieux Montreux Comedy Festival le désigne comme auteur, metteur en scène et parrain de sa 25ème édition-anniversaire. C’est à cette occasion que nous l’avons rencontré. Sous ses airs de provocateur et diablotin, Jérémy est un homme gentil et sincère, il se livre à nous sans détour.
Vous êtes un habitué du festival. Montreux, ça veut dire quoi pour vous ?
Jérémy Ferrari : Je ne sais pas. On ne m’a jamais invité sur les autres festivals. Je ne connais que celui-là parce que j’ai toujours été refusé des auditions de l’ensemble des festivals français. Je ne connais pas d’autres festivals à part Montreux et celui que je produis moi-même. Pour moi, c’est le seul festival qui me donne l’honneur d’être le parrain, le présentateur, de faire des sketchs. En tout cas, quand on me reçoit, on me voit bien !
Je suis parrain d’un festival qui ne m’a pas reçu en tant que jeune talent.
Vous avez relevé le défi de monter deux galas, jeudi et lundi pour le festival. Comment ça s’est passé ?
Il y a eu un désistement. Au départ, je devais faire le gala d’ouverture. La personne qui devait faire le gala de clôture a eu un souci de timing, ils se sont retrouvés le bec dans l’eau. Du coup, ils m’ont demandé si ça m’intéressait d’en faire un deuxième. Comme je ne refuse jamais du travail, j’ai dit oui. Je refuse beaucoup de travail qui ne m’intéresse pas mais quand c’est excitant, même si je n’ai pas énormément de temps, je prends. J’ai accepté de relever le défi à condition de travailler avec Arnaud Tsamère parce que nous travaillons vite ensemble et nous avions peu de temps. Je savais qu’il y aurait de la qualité d’interprétation et d’écriture. Et comme le festival aime beaucoup Arnaud, ils ont accepté.
Satisfait du résultat du gala d’ouverture ?
Je ne suis jamais satisfait d’aucune de mes représentations. Je ne vais pas mentir en disant que j’ai trouvé ça formidable car je ne vois que les imperfections et ce qu’on aurait pu améliorer. Je vais essayer d’être objectif et pas paranoïaque : les retours du public, des internautes, des organisateurs et des journalistes sont extrêmement bons. Ce n’est pas uniquement de mon fait, tous les artistes étaient présents et ont fait de la qualité. Tout le monde est unanime sur la qualité du gala. Objectivement, c’était un beau gala. On a fait 13,8 % de part de marché sur la RTS, ça prouve que les gens l’ont apprécié.
Vous êtes parrain du Comedy Contest 2014. Vous avez aussi participé à un tremplin d’humour Top in Humour à vos débuts. Qu’est-ce que ça fait d’être de l’autre côté à présent ?
Le Top in Humour est le seul tremplin qui m’ait reçu et que j’ai gagné. Tous les autres festivals d’humour ne m’ont jamais pris aux auditions, pas même le Montreux Comedy d’ailleurs ! (rires) Je suis parrain d’un festival qui ne m’a pas reçu en tant que jeune talent. Donc qu’est-ce que ça me fait ? Rien.
Vous avez fait pas mal de petits boulots quand vous êtes arrivé à Paris. Quel métier n’auriez-vous vraiment jamais pu faire ?
Je les ai tous faits. Agent de sécurité dans les parkings du stade de France, groom, coursier à pied, déménageur, conseiller technique chez France Télécom, conseiller client chez Orange, serveur, prof d’art martiaux, vendeur de fringues, magasinier dans le magasin de mes parents, hôte d’accueil. J’ai fait de la manutention au Palais des Congrès. Pour l’anecdote, lors d’un congrès médical, chaque médecin recevait une petite sacoche avec des fascicules. Mon travail, c’était de prendre les différents fascicules sur une grande table et de remplir les sacoches. J’ai fait ça dix heures par jour pendant un mois, j’ai cru que la folie allait m’atteindre. Un mec m’a accusé d’avoir oublié un fascicule, je lui ai sauté dessus. Vous voyez que j’étais très fragile psychologiquement à ce moment-là… Quand vous tournez autour d’une table dix heures par jour, vous ne supportez aucune remarque ! (rires)
Je crois qu’il n’y a pas de sot boulot. Ayant grandi dans des quartiers populaires, je sais qu’en cumulant des aides, on peut vivre. Mais je préférais me lever pour aller travailler. Je ne critique ni ceux qui profitent, ni ceux qui participent au système mais je pense que pour soi-même, c’est bien d’être dans l’activité. Je ne suis jamais resté sans rien faire.
Vous travaillez beaucoup. Est-ce une manière de prendre votre revanche sur vos débuts difficiles ?
Complètement ! On m’a tellement fermé les portes alors que je crevais d’envie de travailler. J’ai tellement proposé de choses, de concepts télé, radio, cinéma, de pastilles, de spectacles. « Hallelujah Bordel » qui a fonctionné était mon quatrième spectacle. J’ai joué les trois précédents 600 ou 700 fois à mes frais dans des petites salles vides à Paris. C’était très dur, mais je me disais: il n’y a que comme ça que j’y arriverai ! C’est une vraie revanche, maintenant qu’on me fait confiance et que j’ai la possibilité de faire ce que je veux. Je fais tout ce que je peux faire à condition que ça corresponde à ce que j’ai envie de faire. Je refuse beaucoup de choses qui ne me semblent pas en cohérence avec ce que je fais artistiquement. Je fais de la production et beaucoup d’autres choses différentes. Pourquoi m’en priverais-je ?
J’ai déjà reçu des tweets de profs qui m’insultent alors que le spectacle n’a pas démarré. C’est formidable ! C’est bon signe, ça va être un bon spectacle.
Votre précédent spectacle « Hallelujah Bordel » abordait les religions. Le prochain « Vends deux pièces à Beyrouth » abordera la guerre. Vous ne chercheriez pas un peu les ennuis ?
Si. C’est le principe d’un provocateur : s’il ne provoque personne, il n’existe plus. C’est formidable les critiques. Dans une interview pour Couleur 3, je disais que j’allais pouvoir montrer que l’éducation nationale mentait aux enfants sur certaines parties de l’histoire. J’ai déjà reçu des tweets de profs qui m’insultent alors que le spectacle n’a pas démarré. C’est formidable ! C’est bon signe, ça va être un bon spectacle.
Comment gérez-vous les insultes?
Vous savez, ça me fait beaucoup rire. Quand je reçois une insulte d’un fan de Dieudonné qui me dit : « On va sauter à pieds joints dans le cul de ta mère », je trouve qu’on atteint un certain sommet artistique. Quand on obtient ce genre d’injure, quelque part, on a du talent. Depuis le début de ma carrière, on m’a tellement dit qu’on allait niquer ma mère. Ma pauvre maman se fait belle parce qu’elle se sent désirée, elle met du parfum et personne ne vient. (rires)
Vous avez écrit pour Guillaume Bats, pour Constance. Pourquoi écrire pour les autres ? Qu’est-ce que ça vous apporte ?
J’aime être dans l’ombre. Le travail de construction d’un projet artistique me fait kiffer. Quand je mets en avant quelque chose qui me semble cohérent, j’adore ça. Travailler avec Guillaume et Constance ont été de bonnes expériences. C’est un honneur quand un artiste vous demande de travailler avec vous. De plus, contrairement à ce qu’on peut penser de ma forte personnalité, je ne suis pas vampirisant. Je sais que ça ne sert à rien d’imposer quelque chose. Je peux trouver une vanne drôle, si l’artiste ne l’apprécie pas, il ne fera jamais rire le public avec. Je ne suis qu’une main pour les aider. Généralement, je suis assez cool.
Avez-vous des rituels ou des porte-bonheurs avant de monter sur scène ?
Je sacrifie un poulet avant de monter sur scène, je me badigeonne un peu de son sang et je brûle la crête ensuite avec de l’encens et des bougies. (rires) Non, je vais toucher un peu les rideaux avant de jouer. Je saute, je me mets des baffes, je mets des coups de poings dans le vent, je suis très énergique.
Je pourrai encore plus foutre le bordel là où on m’attend le moins.
Si vous regardez votre parcours jusqu’à aujourd’hui, quel est le bilan ?
Ca va, j’ai pas à me plaindre. Je me dis que c’est du démarrage, beaucoup de gens ne me connaissent pas encore. Je m’étais toujours dit que je porterai mon spectacle au moins jusqu’à l’Olympia. Je l’ai finalement amené à l’Olympia, au Casino de Paris, au Palais des Sports, dans des zéniths, c’est déjà bien. Le problème, c’est que c’est une drogue. Ce qui me ferait le plus de mal, c’est que les gens ne viennent plus me voir sur scène. Je pense que c’est là où je peux être le meilleur car c’est là que je prends le plus de plaisir.
Le bilan est positif. J’ai réussi à transformer l’essai à la télévision, à changer d’émissions. Le spectacle, le livre et le DVD ont bien marché. Je me suis lancé dans la production télé, j’ai lancé une émission sur le câble, je produis une jeune humoriste belge Laura Laune. Je ne peux pas me plaindre. Mon seul problème est que je ne profite pas des succès par peur que quelque chose déconne un jour. Je travaille énormément, je veux surprendre les gens. Je pense d’abord à eux, j’ai un rapport très proche avec eux.
Quel est votre rapport au succès ?
Quand je pense au succès, je ne pense pas fondamentalement à l’argent, je me dis que plus j’en aurai, plus je pourrai faire ce que je veux à la télévision. Tout est proportionnel. Si je deviens encore plus populaire, j’aurai accès à des grandes chaînes et des primes. Je dis déjà presque tout ce que je veux mais demain, je pourrai encore plus foutre le bordel là où on m’attend le moins.
Vous ne le pouvez pas déjà?
Parfois, il faut composer un peu au démarrage bien sûr et ne pas être buté. Il faut d’abord acquérir de la confiance comme sur France Télévision. Je ne suis pas arrivé tout de suite avec des gens sans bras, je suis arrivé avec des sketchs classiques sur le racisme. Il faut toujours penser à ceux qui ne vous connaissent pas, si vous arrivez avec quelque chose de trop trash, les gens peuvent vite se braquer. Il faut prendre le temps de faire les choses comme si c’était la première fois. La moitié de la salle ne vous connaît pas et est arrivée grâce à l’autre moitié qui vous connaît. Quand on a la notoriété de Gad Elmaleh, tout le monde vous connaît, c’est plus facile. Je suis à une étape où je dois encore convaincre.
Jérémy Ferrari et Arnaud Tsamère sont sur un bateau, qui tombe à l’eau ?
Certainement moi car je suis beaucoup plus maladroit qu’Arnaud. Il est très organisé. Je pense que ce serait moi, malheureusement pour le public français. (rires)
VM
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Tout juste sorti.es des Teintureries, trois comédien.nes émergent.es, Aline Bonvin, Philippe Annoni et Jérémie Nicolet, se sont produit.es à Friscènes le 9 octobre. Leur spectacle Playlist a été sélectionné dans le cadre du Prix de la Relève suisse romande et créé spécialement pour le festival. Retour sur un spectacle musical.
Le public entre. Sur scène, un piano, un bocal plein de billes : c’est tout. Ils sont trois, deux comédiens et une comédienne, vêtu.es de combinaisons semblables – l’un rouge, l’autre vert, la troisième bleue – en plein échauffement à vue. Les articulations craquent. Ça discute.
« – Quelle musique pour la fin du monde ?
– Sparkles, de Radwimps ! »
Ils jouent au « jeu de la musique ». L’un pose une question, les deux autres doivent répondre. Quelle musique pour ton enterrement ? Et pour ton mariage ? Et pour ton meilleur petit-déjeuner ? On débat, on se contredit et parfois on se retrouve. Le trio s’amuse, chauffe sa voix ; bruit de fond tandis que les gradins se remplissent. Puis le public se tait, et alors c’est le show : à fond la musique, les lumières multicolores et les chorégraphies.
L’idée est venue d’une musique en particulier, une musique qui en a amené une autre, puis une autre, et ainsi de suite… une Playlist autour de laquelle le spectacle s’est construit. On nous emmène, de manière frénétique, au travers des classiques de la chanson françaises, de J-Pop et des tubes iconiques des années 2000. Les comédien.es évoluent sur scène avec folie, dansent, lancent musique après musique, évoquent les rêves qui les relient et les émotions qui les remuent – avec en fil rouge, leurs souvenirs.
Car Playlist parle bien de ça, de musique et d’émotion. D’une musique qui peut, dans ses paroles et sa mélodie, faire écho en chacun de nous. Un écho qui rebondit différemment, qui mue et se construit, une réponse plurielle au départ d’un même son. Cette richesse, ils l’explorent, jouent avec et sollicitent même le public : si votre plus grand amour revenait, après que vous ayiez tiré un trait et continué votre route, s’il était là, sur votre pallier, et qu’il vous disait avoir tout quitté pour vous… quelle musique auriez-vous en tête ?
On est presque déçu que le spectacle ne dure pas plus longtemps, mais c’est que le jeu avec le public est intelligemment mené et le temps passe vite. Playlist est un spectacle drôle et touchant, qui provoque le rire et, l’air de rien, tout à la fin, nous touche en douceur. Une musique parle de tout, des moments de joie comme de tristesse ; elle peut évoquer le passé, les erreurs, les regrets. Les moments sombres qui, d’une manière ou d’une autre, nous ramèneront à ce qui nous rend humains, sans pour autant nous enlever l’espoir. Et ça, Playlist le retranscrit bien.
Retrouvez Aline Bonvin, Philippe Annoni et Jérémie Nicolet sur leurs réseaux.
Le résumé donné par Friscènes, c’est ici.
Il n’y a pas de prochaine date connue pour ce spectacle. L’actualité des comédiens et la poursuite de ce spectacle est à suivre.
Amélie Gyger
Alors on danse ?
C’est fini… c’est déjà fini… c’est peut-être fini, c’est May B !
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Po-Cheng Tsai est un chorégraphe taïwanais qui a remporté de nombreux concours et qui nous a présenté deux de ses pièces : Timeless et RAGE.
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