FriScènes: le Hors-scène
Le Hors-scène : Récit d’un voyage hors et sur les murs
Tout commence sur une terrasse que le soleil nous fait encore grâce d’éclairer. En cette période, on profite encore de toutes ces terrasses, chacune d’elles pouvant être la dernière avant le froid. C’est celle de l’Ancienne Gare qui m’accueille pour une petite bière blanche, avant l’heure de l’embarquement fixé à 17h. La cloche sonne, notre capitaine nous appelle à bord du Costa FriScena, et nous annonce avec désinvolture le thème de la traversée : le Titanic. Quatre troupes nous ont préparé des variations de ce thème, suivant leur art. Nous levons l’ancre, le capitaine, les matelots et les visiteurs – une douzaine – en direction de notre première station d’interprétation. Il fait encore chaud : les couleurs d’automne dansent sous un soleil d’été.
Nous arrivons à notre première escale : la Tour Henri. La tour vagabonde qui la juxtapose nous fait un clin d’œil, puis nous montons les escaliers de bois vers une plateforme où le violon nous accueille. Au milieu des pierres de la vieille tour, les comédiens nous attendent. Ce sont les Apostrophes, la troupe de théâtre de l’Université qui revisite cette histoire que l’on connaît déjà : la version du Titanic réalisée par Cameron. Le narrateur fait bouger cet ensemble, nous embarque dans cette fable décalée, commentée et même en 4D ! Les personnages débattent de leur passé, se confrontent dans cette version burlesque et rafraîchissante. Puisque l’on parle de rafraîchissement, j’appelle à ce que l’on décerne la prix d’interprétation masculine à l’iceberg !
Nous laissons les joyeux saltimbanques du XXIe siècle tandis que les rires résonnent encore. Direction l’enceinte du Belluard. Une fois installés sur le balcon, une bande-son scande des syllabes qui n’ont pas de sens, jusqu’à ce qu’elles se réarrangent et forment une phrase : on parle de Jack, de Rose. Mais ce n’est pas ce qui attire le plus notre attention, non, ce qui appelle notre regard ce sont des corps de danseurs , des corps noirs sur pierres blanches, des corps noirs qui pâlissent au contact de l’édifice. Ils sont en mouvement, à la fois collectifs et individuels sur musique étrange, ils se déplacent en groupe, s’isolent dans les alcôves, se retrouvent dans une vague de gestes qui les emmènent dans la cour. Nouveau numéro d’équilibristes sur lignes pavées , puis les syllabes reviennent, décomposées une fois encore. Les corps aussi depuis le débuts nagent dans une décomposition articulée qui touche sans qu’on la comprenne. Car enfin, qu’est-ce ? La bateau qui coule ? Le désarroi de l’amour séparé ? Peu importe. Des pistes d’interprétation apparaissent par flash, on les oublie aussitôt pour apprécier ces corps noirs en mouvement, qui racontent quelque chose au cœur plus qu’à l’esprit. C’étaient les danseurs de Mastazz Dance&co.
Nous reprenons la route. Elle passe par les remparts dont nous empruntons le chemin de garde. Le rythme du capitaine (du guet cette fois) ne nous permet pas de nous arrêter à chaque ouverture pour apprécier la vue, nous profitons seulement des rayons qui y pénètrent. Nous voilà dans la porte de Morat pour le troisième poste. Deux comédiennes, l’une dans une piscine d’enfant, l’autre sur un tabouret. Tandis que la fille au tabouret verse régulièrement de l’eau dans la piscine, celle qui est à l’intérieur se présente comme étant Rose. Elle rejette son passé, l’histoire que l’on connaît, et nous narre ce qu’elle est devenue, ce qui l’intéresse désormais, comme la lutte des classes, et nous assure qu’elle a oubliée Jack. Mais entre ruptures scéniques, commentaires méta-spéctaculaires (je me moque bien de savoir si ce mot existe) jeu complice cachée sous une fausse distance entre les deux comédiennes apparaît une évidence pour Rose : tout découle de ce soir là, ce soir où elle a perdu Jack. C’est ce trauma qui fut moteur de tout ce qui a suivi. C’est en tout cas la vision que nous propose Anouk Werro.
Encore quelques pas et nous arrivons à notre dernier arrêt, dans le jardin de la HEP. Là c’est la FoiR, compagnie d’improvisation fribourgeoise qui nous attend. Et si l’iceberg n’avait jamais percuté le Titanic ? C’est ce que se sont imaginé les improvisateurs en fonction des choix du public. C’est ainsi que l’on découvre une version western puis comédie musicale à fin tragique, pour notre plus grand plaisir. Invention après invention, on rit, avec le rire dans une multitude de forme. C’est sur cette note joviale que ce termine le parcours du Hors-scène.
Je remonte la rue Varis à la lumière descendante, et je souris. La croisière théâtrale fut un régal. Aucun iceberg ni naufrage à déplorer, seulement le plaisir de voir de l’art sous moult formes, qui joue sur notre harpe des cordes d’émotions qui avaient pris la poussière.
Sylvain Grangier


Colportage interdit : interview de Daniel Duqué
Le 25 mai dernier, j’ai eu l’occasion d’assister à une projection de presse du dernier long-métrage de Daniel Duqué : Colportage interdit. Ce film m’ayant particulièrement plu, je lui ai consacré une chronique que vous pouvez retrouver sur notre Soundclound.
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Neptune Frost : La machine et le fantôme

Si je devais citer une de mes œuvres cinématographiques préférées, Ghost in the shell de Mamoru Oshii en ferait partie et quand je vis que parmi les film de la compétition officielle se trouvait un de ce genre d’origine Rwandaise, je fus tout naturellement curieux et, après le visionnage, quelques peu désenchanter.
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Titania, ou les rêveries de l’astronaute solitaire
En janvier dernier, Michaël Gay des Combes se trouvait au Nouveau Monde pour une résidence d’écriture organisée par l’Épître : une pièce vide, une semaine d’isolement, tout le temps du monde pour écrire. De-là est née Titania, création théâtrale jouée et présentée dans la petite pièce qui l’a accueilli durant une semaine. Retour sur ce voyage insolite avec Amélie Gyger.
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Mon père est une chanson de variété
Chère belle-maman,
J’ai été fort triste de ne pas t’avoir eue à mes côtés au théâtre Nuithonie pour assister à Mon père est une chanson de variété et j’imagine que ma peine est partagée. Mais ne t’en fais pas, sèche tes larmes car je vais te décrire quelle merveilleuse expérience ce spectacle était.
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FriScènes 2023 – Ici jouera Zarathoustra!
Un mariage entre théâtre et philosophie, ce ne serait pas la première fois que ça arrive… et pourtant, ce spectacle-là est un mélange bien particulier. Plongeons-nous dans une production théâtrale singulière qui explore Nietzsche à sa manière : après tout, pourquoi parler quand on a un corps que l’on peut mouvoir ?
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FriScènes 2022 – Playlist
Tout juste sorti.es des Teintureries, trois comédien.nes émergent.es, Aline Bonvin, Philippe Annoni et Jérémie Nicolet, se sont produit.es à Friscènes le 9 octobre. Leur spectacle Playlist a été sélectionné dans le cadre du Prix de la Relève suisse romande et créé spécialement pour le festival. Retour sur un spectacle musical.

Le public entre. Sur scène, un piano, un bocal plein de billes : c’est tout. Ils sont trois, deux comédiens et une comédienne, vêtu.es de combinaisons semblables – l’un rouge, l’autre vert, la troisième bleue – en plein échauffement à vue. Les articulations craquent. Ça discute.
« – Quelle musique pour la fin du monde ?
– Sparkles, de Radwimps ! »
Ils jouent au « jeu de la musique ». L’un pose une question, les deux autres doivent répondre. Quelle musique pour ton enterrement ? Et pour ton mariage ? Et pour ton meilleur petit-déjeuner ? On débat, on se contredit et parfois on se retrouve. Le trio s’amuse, chauffe sa voix ; bruit de fond tandis que les gradins se remplissent. Puis le public se tait, et alors c’est le show : à fond la musique, les lumières multicolores et les chorégraphies.

L’idée est venue d’une musique en particulier, une musique qui en a amené une autre, puis une autre, et ainsi de suite… une Playlist autour de laquelle le spectacle s’est construit. On nous emmène, de manière frénétique, au travers des classiques de la chanson françaises, de J-Pop et des tubes iconiques des années 2000. Les comédien.es évoluent sur scène avec folie, dansent, lancent musique après musique, évoquent les rêves qui les relient et les émotions qui les remuent – avec en fil rouge, leurs souvenirs.
Car Playlist parle bien de ça, de musique et d’émotion. D’une musique qui peut, dans ses paroles et sa mélodie, faire écho en chacun de nous. Un écho qui rebondit différemment, qui mue et se construit, une réponse plurielle au départ d’un même son. Cette richesse, ils l’explorent, jouent avec et sollicitent même le public : si votre plus grand amour revenait, après que vous ayiez tiré un trait et continué votre route, s’il était là, sur votre pallier, et qu’il vous disait avoir tout quitté pour vous… quelle musique auriez-vous en tête ?

On est presque déçu que le spectacle ne dure pas plus longtemps, mais c’est que le jeu avec le public est intelligemment mené et le temps passe vite. Playlist est un spectacle drôle et touchant, qui provoque le rire et, l’air de rien, tout à la fin, nous touche en douceur. Une musique parle de tout, des moments de joie comme de tristesse ; elle peut évoquer le passé, les erreurs, les regrets. Les moments sombres qui, d’une manière ou d’une autre, nous ramèneront à ce qui nous rend humains, sans pour autant nous enlever l’espoir. Et ça, Playlist le retranscrit bien.
Retrouvez Aline Bonvin, Philippe Annoni et Jérémie Nicolet sur leurs réseaux.
Le résumé donné par Friscènes, c’est ici.
Il n’y a pas de prochaine date connue pour ce spectacle. L’actualité des comédiens et la poursuite de ce spectacle est à suivre.
Amélie Gyger

Alors on danse ?
C’est fini… c’est déjà fini… c’est peut-être fini, c’est May B !
C’est un peu par hasard que je me suis retrouvé le lundi 21 mars à Equilibre pour assister à May B, un spectacle de danse. Je ne m’attendais à rien et la surprise fut grande !
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Deux pièces pour le prix d’une ?
A force de déambuler, je me suis à nouveau retrouvé au théâtre ! C’était jeudi 31 mars à Nuithonie pour assister à une double représentation.
Po-Cheng Tsai est un chorégraphe taïwanais qui a remporté de nombreux concours et qui nous a présenté deux de ses pièces : Timeless et RAGE.
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