FriScènes: Antigone – Critique
C’est la Compagnie éCOlisée, la troupe du CO de la Veveyse qui ouvrait le bal des pièces en compétition avec Antigone de Jean Anouilh. Et autant le dire tout de suite, la barre est placée très haut. Critique.
Le texte d’Anouilh est difficile, d’ailleurs les comédiens nous avoue lors de la rencontre après le spectacle n’y avoir rien compris à la première lecture. Mais après une année préparatoire, une autre de travail sur la pièce et cinq semaines de camp qui ont formé une vraie troupe, les choses ont bien changé. On voit des jeunes, des adolescents qui se saisissent d’une matière théâtrale sans timidité, avec envie, une envie communicatrice. On voit bien que ce sont des jeunes, on ne l’oublie pas, mais on y croit, à aucun moment le décalage générationnel entre les personnages et eux s’interpose dans notre plaisir de spectateur.
Le personnage principal ici, c’est le choeur. Un choeur composé de seize filles dans le même costume noir au voile blanc qui portent la pièce, la raconte, font la conscience des personnages, du peuple de Thèbes. Un travail collectif remarquable, entre voix commune et gestes d’ensemble. Au milieu de cet écrin qu’est le choeur, une Antigone magistrale. Autour d’elle, un Créon puissant et ambigu, un Hémon sensible qui affronte le père, une Ismène coquette et raisonnable, une nourrice tendre et amusante, des gardes intéressés et drôles. C’est à dire exactement ce que demande la pièce.
Quid du parti pris ? Anouilh a écrit sous l’occupation des années quarante, Renée et Stéphane Simonet proposent une transposition aux États-Unis d’aujourd’hui. Ainsi, Créon devient Trump, la Maison Blanche le cadre de la tragédie. Le bureau ovale est celui de Créon, surplombé du Fronton de la résidence présidentielle. Mais la scénographie et les costumes ne sont pas les seuls transcriptions du monde de Trump : outre un vrai discours qui conclut la représentation, ses fameux tweets sont projetés sur le fronton, traduit en français et signés Créon. La symbolique de l’oiseau de Twitter est omniprésente, et tandis que la parole de Créon se diffuse sans limite sur les réseaux sociaux, le petit oiseau qu’est Antigone finit en cage de fer. Une relecture qui fonctionne, donne une nouvelle dimension à la pièce qui nous touche nous, public de 2018.
Ce public ne s’y est pas trompé : Standing ovation. Méritée. Un grand bravo à tous ces jeunes et toute l’équipe qui les a entouré. J’ai commencé mon texte avec la troupe, je conclurai de même : c’était éCOlisée, un vrai groupe qui nous a bluffé ce lundi 15 octobre 2018.
Sylvain Grangier
Crédit photos: Janos YoGars Norreuden pour FriScènes


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