FriScènes 2021 – L’heure bleue

Crédit photos : Andreas Eggler pour FriScènes.

Spécialement créée en vue de leur participation à cette 14è édition de FriScènes, la Compagnie Parhelia rassemble trois étudiantes valaisannes, Jade Riand, Zélie Roduit et Flavie Tapparel. Pour leur première création, elles ont entraîné le public dans un voyage mélancolique et touchant au pays des rêves.

Elles sont trois jeunes filles, puis un comédien, un musicien. Sur scène, un attrape-rêve géant en fond, des tissus vaporeux qui coulent du plafond, et une balançoire, Dominique de son prénom – qui change à chaque répétition comme le confessent les comédiens.

La troupe Parhelia nous présente le monde des songes, un monde sans frontière où les reliefs se façonnent au gré des imaginaires de chacune. L’une se noie à l’infini, poursuivie par des oiseaux en pleine mer ; l’autre voyage de tableau en tableau ; la dernière cherche sa sœur, car si elle est morte dans le monde réel, alors rien ne l’empêchera de la faire vivre dans le monde des rêves.

Le comédien, lui, fait office de maître de maison, orchestre des rêves ou Soleil, on ne sait pas vraiment ; c’est lui qui présente et lie ces trames narratives, emmenant le spectateur à travers le patchwork que forment les destins respectifs des trois filles.

À chacune ses raisons de sombrer dans le rêve, à chacune donc son chemin attitré. Les rencontres se font multiples, et on admire la virtuosité avec laquelle les quatre acteurs changent de costume et endossent la peau de personnages tous très différents. Hauts en couleurs, souvent étranges, énigmatiques, bariolés, ceux-ci finissent pourtant par former une étonnante cohérence.

Seul petit regret personnel : je crois que j’aurais aimé voir ces trois jeunes filles se rencontrer dans le monde des songes, s’apporter du réconfort, une présence bienveillante et voir ce qu’elles auraient à se dire. Mais après tout, la solitude est rarement si douce, et cela fait sens qu’elles poursuivent leurs routes seules. Et puis d’une certaine manière, leurs histoires, bien que distinctes, se font écho et se répondent.

Ecrite et mise en scène par les comédiennes elles-mêmes, portée par une musique envoûtante, L’heure bleue impressionne par la qualité et le niveau de jeu que sont capables d’offrir des jeunes d’une vingtaine d’années à peine. La standing ovation qui leur a été offerte et le Prix du public qui leur a été décerné le prouvent : le public, et moi aussi, avons été conquis.

Amélie Gyger

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