FriScènes 2021 – Huis clos

L’enfer, c’est les autres. C’est le principe fondamental de cette pièce de Jean-Paul Sartre (1943), remise au goût du jour par la troupe de théâtre lausannoise Memento. Avec Benjamin Davis et Marek Chojecki à la mise en scène.

Trois âmes damnées, condamnées à passer ensemble l’éternité… (crédit photos : Andreas Eggler pour FriScènes).

Dans « Huis clos », Sartre décrit la rencontre de trois personnages dans un lieu post mortem. Aucun d’eux ne se connaît et aucun ne sait où ils se trouvent. Commencent alors des discussions simples mais qui dérapent très rapidement, entraînant tout un questionnement de fond sur le jugement et l’enfer.

Toute cette thématique très démoniaque est bien mise en valeur par la scénographie et les jeux de lumière. En effet, à certains moments, les personnages sont éclairés par-dessous, leur donnant un air infernal. De plus, les trois fauteuils présents donnent un aspect très mécanique et froid avec leurs longs câbles qui filent droit vers le plafond. Le second élément du décor est composé des trois téléphones portables – un par prisonnier. Cette modernité amenée à la pièce est la bienvenue ; cependant, on peut se demander pourquoi cet élément a été mis au goût du jour alors que d’autres sont restés très ancrés dans les années 1940 (comme les différences marquées entre les classes sociales des personnages et le dédain qui en découle).

Les téléphones portables, en livrant aux prisonniers les images et les sons d’une vie qui se poursuit sans eux, ajoutent à la torture psychologique qu’ils s’infligent mutuellement.

Dans cette pièce, les mentalités des protagonistes évoluent très rapidement, comme leurs relations, ce qui parfois est un peu déroutant. Ainsi, en un peu plus d’une heure, il se passe ce qui se déroulerait en plusieurs jours dans le monde normal ; comme si dans cette sorte d’enfer, tout allait beaucoup plus vite, sans laisser le temps aux personnages de prendre du recul. Ce phénomène permet aussi de faire ressentir une grande quantité d’émotions aux spectateurs en l’espace de très peu de temps, ce qui provoque un sentiment de perte et de surmenage émotionnel qui noie le public dans cet enfer.

La troupe Memento a très bien su faire vivre cette expérience infernale à l’auditoire grâce à un jeu d’acteur fort convaincant et une scénographie qui nous plonge dans une ambiance très suffocante.

Clem Chuat

Colportage interdit : interview de Daniel Duqué

Le 25 mai dernier, j’ai eu l’occasion d’assister à une projection de presse du dernier long-métrage de Daniel Duqué : Colportage interdit. Ce film m’ayant particulièrement plu, je lui ai consacré une chronique que vous pouvez retrouver sur notre Soundclound.

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Neptune Frost : La machine et le fantôme

Si je devais citer une de mes œuvres cinématographiques préférées, Ghost in the shell de Mamoru Oshii en ferait partie et quand je vis que parmi les film de la compétition officielle se trouvait un de ce genre d’origine Rwandaise, je fus tout naturellement curieux et, après le visionnage, quelques peu désenchanter.

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Titania, ou les rêveries de l’astronaute solitaire

En janvier dernier, Michaël Gay des Combes se trouvait au Nouveau Monde pour une résidence d’écriture organisée par l’Épître : une pièce vide, une semaine d’isolement, tout le temps du monde pour écrire. De-là est née Titania, création théâtrale jouée et présentée dans la petite pièce qui l’a accueilli durant une semaine. Retour sur ce voyage insolite avec Amélie Gyger.

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Mon père est une chanson de variété

Chère belle-maman,

J’ai été fort triste de ne pas t’avoir eue à mes côtés au théâtre Nuithonie pour assister à Mon père est une chanson de variété et j’imagine que ma peine est partagée. Mais ne t’en fais pas, sèche tes larmes car je vais te décrire quelle merveilleuse expérience ce spectacle était.

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FriScènes 2022 – Playlist

Tout juste sorti.es des Teintureries, trois comédien.nes émergent.es, Aline Bonvin, Philippe Annoni et Jérémie Nicolet, se sont produit.es à Friscènes le 9 octobre. Leur spectacle Playlist a été sélectionné dans le cadre du Prix de la Relève suisse romande et créé spécialement pour le festival. Retour sur un spectacle musical.

Les comédien.es déposent des billes dans un bocal… mais pourquoi ? | Photo : Andreas Eggler

Le public entre. Sur scène, un piano, un bocal plein de billes : c’est tout. Ils sont trois, deux comédiens et une comédienne, vêtu.es de combinaisons semblables – l’un rouge, l’autre vert, la troisième bleue – en plein échauffement à vue. Les articulations craquent. Ça discute.

« – Quelle musique pour la fin du monde ? 
   – Sparkles, de Radwimps ! »

Ils jouent au « jeu de la musique ». L’un pose une question, les deux autres doivent répondre. Quelle musique pour ton enterrement ? Et pour ton mariage ? Et pour ton meilleur petit-déjeuner ? On débat, on se contredit et parfois on se retrouve. Le trio s’amuse, chauffe sa voix ; bruit de fond tandis que les gradins se remplissent. Puis le public se tait, et alors c’est le show : à fond la musique, les lumières multicolores et les chorégraphies.

La pièce est aussi construite sur des moments d’impro. | Photo : Andreas Eggler

L’idée est venue d’une musique en particulier, une musique qui en a amené une autre, puis une autre, et ainsi de suite… une Playlist autour de laquelle le spectacle s’est construit. On nous emmène, de manière frénétique, au travers des classiques de la chanson françaises, de J-Pop et des tubes iconiques des années 2000. Les comédien.es évoluent sur scène avec folie, dansent, lancent musique après musique, évoquent les rêves qui les relient et les émotions qui les remuent – avec en fil rouge, leurs souvenirs.

Car Playlist parle bien de ça, de musique et d’émotion. D’une musique qui peut, dans ses paroles et sa mélodie, faire écho en chacun de nous. Un écho qui rebondit différemment, qui mue et se construit, une réponse plurielle au départ d’un même son. Cette richesse, ils l’explorent, jouent avec et sollicitent même le public : si votre plus grand amour revenait, après que vous ayiez tiré un trait et continué votre route, s’il était là, sur votre pallier, et qu’il vous disait avoir tout quitté pour vous… quelle musique auriez-vous en tête ?

Le projet a été imaginé et créé lors d’une soirée entre amis. | Photo : Andreas Eggler

On est presque déçu que le spectacle ne dure pas plus longtemps, mais c’est que le jeu avec le public est intelligemment mené et le temps passe vite. Playlist est un spectacle drôle et touchant, qui provoque le rire et, l’air de rien, tout à la fin, nous touche en douceur. Une musique parle de tout, des moments de joie comme de tristesse ; elle peut évoquer le passé, les erreurs, les regrets. Les moments sombres qui, d’une manière ou d’une autre, nous ramèneront à ce qui nous rend humains, sans pour autant nous enlever l’espoir. Et ça, Playlist le retranscrit bien.

Retrouvez Aline Bonvin, Philippe Annoni et Jérémie Nicolet sur leurs réseaux.
Le résumé donné par Friscènes, c’est ici.
Il n’y a pas de prochaine date connue pour ce spectacle. L’actualité des comédiens et la poursuite de ce spectacle est à suivre.

Amélie Gyger

Alors on danse ?

C’est fini… c’est déjà fini… c’est peut-être fini, c’est May B !

C’est un peu par hasard que je me suis retrouvé le lundi 21 mars à Equilibre pour assister à May B, un spectacle de danse. Je ne m’attendais à rien et la surprise fut grande !

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Deux pièces pour le prix d’une ?

A force de déambuler, je me suis à nouveau retrouvé au théâtre ! C’était jeudi 31 mars à Nuithonie pour assister à une double représentation.

Po-Cheng Tsai est un chorégraphe taïwanais qui a remporté de nombreux concours et qui nous a présenté deux de ses pièces : Timeless et RAGE.

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FIFF 2022 : Quelle image d’Afghanistan ?

Le voyage dans la Perse Ancienne offert par le 36e Festival International du Film de Fribourg (18.03.2022 – 27.03.2022) passe à travers les histoires de 7 réalisateur.trice.s courageux.ses. Tout au long de la route de la soie, 7 films en dari et pashto – les deux langues officielles d’Afghanistan, parmi les 40 qui existent – peignent un scénario merveilleux. Mais quelle image de ce pays aux facettes multiples souhaite reconstruire le FIFF ? Un tour d’horizon s’impose.

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