FriScènes 2021 – Ceux qui partent à l’aventure

Le mercredi 13 octobre dernier a eu lieu la représentation de « Ceux qui partent à l’aventure », une pièce de Noëlle Renaude, interprétée par les Toulousain·e·s de la Compagnie de 9 à 11. Notre chroniqueuse Anaïs Froehlich nous en fait la recension.

Quatre randonneur·euse·x·s qui partent à l’aventure, mais iels auraient pu être 5, 6, 7… (crédit photos : Andreas Eggler pour FriScènes).

« Ceux qui partent à l’aventure » a la particularité de traiter d’un sujet grave, avec toutefois une certaine touche comique. Un groupe de randonneur·euse·x·s en pleine excursion se racontent le terrible destin d’un jeune entrepreneur dont l’entreprise a fait faillite. Après avoir demandé de l’aide à sa famille, sans succès, celui-ci disparaît. Arrive alors une ribambelle de questions : a-t-il simplement disparu ? Si oui, où est-t-il ? Pouvons-nous imaginer le pire : sa mort ? Le déroulement de la pièce nous invite à suivre et à partager les raisonnements et les doutes des personnages, qui semblent eux-mêmes être pris dans ce récit tourbillonnant.

Dès le début de la pièce, le ton est donné concernant l’atmosphère qui règnera tout au long de la représentation. Les personnages échangent au sujet d’un mot croisé, et le public a l’impression qu’il est lui-même sollicité. Une première impression de brouillage des frontières entre les acteur·rice·x·s et le public se met en place.

L’étonnement se poursuit lorsque des dessins prennent forme sur le grand tableau interactif placé sur scène. Une main habile dessine en direct des éléments, ce qui enrichit le décor. L’utilisation de l’écran apporte un aspect sympathique, presque enfantin à la pièce. Alors que les personnages se lancent dans des échanges de paroles rapides et décousues, le spectateur se laisse happer par la projection.  Les propos des personnages forment un brouhaha de fond. La rapidité des échanges couplée au changement perpétuel des prénoms des protagonistes engendre aussi une impression d’instabilité et de récit foisonnant. L’humour est bien présent dans la pièce : on ne peut s’empêcher de sourire devant quelques phrases d’humour noir apparaissant sur l’écran et venant ponctuer les scènes.

Visite à la morgue

La pièce présente quelques particularités dans son écriture, qui apportent une certaine déstructuration au spectacle. Noëlle Renaude n’a en effet utilisé ni ponctuation ni guillemet dans l’écriture de sa pièce. Elle n’a pas non plus précisé le nombre de personnages, ni lequel prenait la parole. On ne parvient à reconnaître les personnages – parfois – que par le truchement des dialogues.  Nous pouvons imaginer que ces modalités d’écriture permettent aux comédien·ne·x·s de mieux s’approprier le récit, donnant lieu à une mise en scène plus personnelle. Soulignons que les acteur·rice·x·s ont dû apprendre par cœur une longue séquence de pas moins de 250 prénoms. La contrainte est significative au regard des grandes libertés données par ailleurs par le texte, qui ne se trouvent alors pas forcément là où nous les attendons.

Cette pièce s’est avérée être un véritable tourbillon d’énergie. On en ressort certes un peu troublé·e, mais aussi impressionné·e par le foisonnement informationnel, qui passe par les multiples facettes des personnages ou encore par des prises de paroles endiablées.

Anaïs Froehlich

Colportage interdit : interview de Daniel Duqué

Le 25 mai dernier, j’ai eu l’occasion d’assister à une projection de presse du dernier long-métrage de Daniel Duqué : Colportage interdit. Ce film m’ayant particulièrement plu, je lui ai consacré une chronique que vous pouvez retrouver sur notre Soundclound.

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Neptune Frost : La machine et le fantôme

Si je devais citer une de mes œuvres cinématographiques préférées, Ghost in the shell de Mamoru Oshii en ferait partie et quand je vis que parmi les film de la compétition officielle se trouvait un de ce genre d’origine Rwandaise, je fus tout naturellement curieux et, après le visionnage, quelques peu désenchanter.

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Titania, ou les rêveries de l’astronaute solitaire

En janvier dernier, Michaël Gay des Combes se trouvait au Nouveau Monde pour une résidence d’écriture organisée par l’Épître : une pièce vide, une semaine d’isolement, tout le temps du monde pour écrire. De-là est née Titania, création théâtrale jouée et présentée dans la petite pièce qui l’a accueilli durant une semaine. Retour sur ce voyage insolite avec Amélie Gyger.

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Mon père est une chanson de variété

Chère belle-maman,

J’ai été fort triste de ne pas t’avoir eue à mes côtés au théâtre Nuithonie pour assister à Mon père est une chanson de variété et j’imagine que ma peine est partagée. Mais ne t’en fais pas, sèche tes larmes car je vais te décrire quelle merveilleuse expérience ce spectacle était.

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FriScènes 2022 – Playlist

Tout juste sorti.es des Teintureries, trois comédien.nes émergent.es, Aline Bonvin, Philippe Annoni et Jérémie Nicolet, se sont produit.es à Friscènes le 9 octobre. Leur spectacle Playlist a été sélectionné dans le cadre du Prix de la Relève suisse romande et créé spécialement pour le festival. Retour sur un spectacle musical.

Les comédien.es déposent des billes dans un bocal… mais pourquoi ? | Photo : Andreas Eggler

Le public entre. Sur scène, un piano, un bocal plein de billes : c’est tout. Ils sont trois, deux comédiens et une comédienne, vêtu.es de combinaisons semblables – l’un rouge, l’autre vert, la troisième bleue – en plein échauffement à vue. Les articulations craquent. Ça discute.

« – Quelle musique pour la fin du monde ? 
   – Sparkles, de Radwimps ! »

Ils jouent au « jeu de la musique ». L’un pose une question, les deux autres doivent répondre. Quelle musique pour ton enterrement ? Et pour ton mariage ? Et pour ton meilleur petit-déjeuner ? On débat, on se contredit et parfois on se retrouve. Le trio s’amuse, chauffe sa voix ; bruit de fond tandis que les gradins se remplissent. Puis le public se tait, et alors c’est le show : à fond la musique, les lumières multicolores et les chorégraphies.

La pièce est aussi construite sur des moments d’impro. | Photo : Andreas Eggler

L’idée est venue d’une musique en particulier, une musique qui en a amené une autre, puis une autre, et ainsi de suite… une Playlist autour de laquelle le spectacle s’est construit. On nous emmène, de manière frénétique, au travers des classiques de la chanson françaises, de J-Pop et des tubes iconiques des années 2000. Les comédien.es évoluent sur scène avec folie, dansent, lancent musique après musique, évoquent les rêves qui les relient et les émotions qui les remuent – avec en fil rouge, leurs souvenirs.

Car Playlist parle bien de ça, de musique et d’émotion. D’une musique qui peut, dans ses paroles et sa mélodie, faire écho en chacun de nous. Un écho qui rebondit différemment, qui mue et se construit, une réponse plurielle au départ d’un même son. Cette richesse, ils l’explorent, jouent avec et sollicitent même le public : si votre plus grand amour revenait, après que vous ayiez tiré un trait et continué votre route, s’il était là, sur votre pallier, et qu’il vous disait avoir tout quitté pour vous… quelle musique auriez-vous en tête ?

Le projet a été imaginé et créé lors d’une soirée entre amis. | Photo : Andreas Eggler

On est presque déçu que le spectacle ne dure pas plus longtemps, mais c’est que le jeu avec le public est intelligemment mené et le temps passe vite. Playlist est un spectacle drôle et touchant, qui provoque le rire et, l’air de rien, tout à la fin, nous touche en douceur. Une musique parle de tout, des moments de joie comme de tristesse ; elle peut évoquer le passé, les erreurs, les regrets. Les moments sombres qui, d’une manière ou d’une autre, nous ramèneront à ce qui nous rend humains, sans pour autant nous enlever l’espoir. Et ça, Playlist le retranscrit bien.

Retrouvez Aline Bonvin, Philippe Annoni et Jérémie Nicolet sur leurs réseaux.
Le résumé donné par Friscènes, c’est ici.
Il n’y a pas de prochaine date connue pour ce spectacle. L’actualité des comédiens et la poursuite de ce spectacle est à suivre.

Amélie Gyger

Alors on danse ?

C’est fini… c’est déjà fini… c’est peut-être fini, c’est May B !

C’est un peu par hasard que je me suis retrouvé le lundi 21 mars à Equilibre pour assister à May B, un spectacle de danse. Je ne m’attendais à rien et la surprise fut grande !

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Deux pièces pour le prix d’une ?

A force de déambuler, je me suis à nouveau retrouvé au théâtre ! C’était jeudi 31 mars à Nuithonie pour assister à une double représentation.

Po-Cheng Tsai est un chorégraphe taïwanais qui a remporté de nombreux concours et qui nous a présenté deux de ses pièces : Timeless et RAGE.

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FIFF 2022 : Quelle image d’Afghanistan ?

Le voyage dans la Perse Ancienne offert par le 36e Festival International du Film de Fribourg (18.03.2022 – 27.03.2022) passe à travers les histoires de 7 réalisateur.trice.s courageux.ses. Tout au long de la route de la soie, 7 films en dari et pashto – les deux langues officielles d’Afghanistan, parmi les 40 qui existent – peignent un scénario merveilleux. Mais quelle image de ce pays aux facettes multiples souhaite reconstruire le FIFF ? Un tour d’horizon s’impose.

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