Festival Bach: Bach et Zelenka II – Critique
La perfection à la tchèque
« Incroyable » est le mot qu’un murmure timide d’un spectateur laisse échapper et c’est celui qui décrit à merveille le concert du vendredi 16 novembre à l’église St-François de Lausanne. Le Collegium 1704 et le Collegium Vocale 1704 font l’honneur d’interpréter le motet Jesu meine Freunde et la Messe en La majeur de Jean-Sébastien Bach ainsi que des extraits du Responsoria pro hebdomada sancta de Jan Dismas Zelenka dans le cadre du Festival Bach de Lausanne : à n’en pas croire ses oreilles…
Václav Luks, le chef de ces deux ensembles, dirige avec une précision d’horloger. Chaque voyelle, chaque consonne a son geste. Il fait de la musique avec le bout des doigts. Ce qui frappe par-dessus tout, c’est une unité, une homogénéité, un mariage parfait entre l’orchestre et le chœur. Les deux se complètent et se soutiennent. Résultat : une musique balancée et nuancée dont il est possible de distinguer l’importance de chaque voix.
Difficile de décrire séparément le chœur et l’orchestre tant ils forment un tout. Les instrumentistes se montrent légers dans le motet de Bach et les extraits de Zelenka. Un élan extraordinaire semble élever le chœur. Dans une seconde partie, d’autres musiciens viennent en renfort afin de donner plus de couleur à la Messe en La majeur. Superbe, l’orchestre n’est jamais envahissant et se révèle capable d’articuler les longues mélodies instrumentales avec les phrases du chœur.
Le Collegium Vocale 1704 : véritable vague harmonique qui emporte le public aux phrasés mélodique d’une beauté saisissante. Les chanteurs, conscient de chaque voix qui constitue le chœur, se répondent, créant, ainsi, une polyphonie parfaite. Tristis es anima du Reponsoria de Zelenka est un exemple où la richesse harmonique ressort, laissant bouche bée l’audience. Les passages solistes sont tout aussi réussis : Qui tollis peccata de la messe de Bach dont le duo entre la flûte et la soprano se caractérise d’une douceur touchante. Toutefois, lors du passage Quoniam tu solus l’alto ne semble pas à son affaire : son entrée ratée, elle n’arrive ensuite pas à se rattraper. Mais il faut que justice soit faite car cette même alto dans le motet de Bach fait un sans-faute !
Personne n’ose bouger durant les œuvres et entre les morceaux ce n’est que la bise à l’extérieure de l’église qui résonne. Une interprétation saisissante qui impose le respect. La minutie et la rigueur dont fait preuve le Collegium 1704 est remarquable. Chaque section s’enchaine à perfection. Václav Luks et ses deux ensembles : un exemple à suivre de précision et de savoir musicologique.
Raphael David Eccel
Crédits photo: Petra Hajská
Collegium Vocale 1704 – chamber – Collegium 1704


Colportage interdit : interview de Daniel Duqué
Le 25 mai dernier, j’ai eu l’occasion d’assister à une projection de presse du dernier long-métrage de Daniel Duqué : Colportage interdit. Ce film m’ayant particulièrement plu, je lui ai consacré une chronique que vous pouvez retrouver sur notre Soundclound.
(suite…)
Neptune Frost : La machine et le fantôme

Si je devais citer une de mes œuvres cinématographiques préférées, Ghost in the shell de Mamoru Oshii en ferait partie et quand je vis que parmi les film de la compétition officielle se trouvait un de ce genre d’origine Rwandaise, je fus tout naturellement curieux et, après le visionnage, quelques peu désenchanter.
(suite…)
Titania, ou les rêveries de l’astronaute solitaire
En janvier dernier, Michaël Gay des Combes se trouvait au Nouveau Monde pour une résidence d’écriture organisée par l’Épître : une pièce vide, une semaine d’isolement, tout le temps du monde pour écrire. De-là est née Titania, création théâtrale jouée et présentée dans la petite pièce qui l’a accueilli durant une semaine. Retour sur ce voyage insolite avec Amélie Gyger.
(suite…)
Mon père est une chanson de variété
Chère belle-maman,
J’ai été fort triste de ne pas t’avoir eue à mes côtés au théâtre Nuithonie pour assister à Mon père est une chanson de variété et j’imagine que ma peine est partagée. Mais ne t’en fais pas, sèche tes larmes car je vais te décrire quelle merveilleuse expérience ce spectacle était.
(suite…)
FriScènes 2023 – Ici jouera Zarathoustra!
Un mariage entre théâtre et philosophie, ce ne serait pas la première fois que ça arrive… et pourtant, ce spectacle-là est un mélange bien particulier. Plongeons-nous dans une production théâtrale singulière qui explore Nietzsche à sa manière : après tout, pourquoi parler quand on a un corps que l’on peut mouvoir ?
(suite…)
FriScènes 2022 – Playlist
Tout juste sorti.es des Teintureries, trois comédien.nes émergent.es, Aline Bonvin, Philippe Annoni et Jérémie Nicolet, se sont produit.es à Friscènes le 9 octobre. Leur spectacle Playlist a été sélectionné dans le cadre du Prix de la Relève suisse romande et créé spécialement pour le festival. Retour sur un spectacle musical.

Le public entre. Sur scène, un piano, un bocal plein de billes : c’est tout. Ils sont trois, deux comédiens et une comédienne, vêtu.es de combinaisons semblables – l’un rouge, l’autre vert, la troisième bleue – en plein échauffement à vue. Les articulations craquent. Ça discute.
« – Quelle musique pour la fin du monde ?
– Sparkles, de Radwimps ! »
Ils jouent au « jeu de la musique ». L’un pose une question, les deux autres doivent répondre. Quelle musique pour ton enterrement ? Et pour ton mariage ? Et pour ton meilleur petit-déjeuner ? On débat, on se contredit et parfois on se retrouve. Le trio s’amuse, chauffe sa voix ; bruit de fond tandis que les gradins se remplissent. Puis le public se tait, et alors c’est le show : à fond la musique, les lumières multicolores et les chorégraphies.

L’idée est venue d’une musique en particulier, une musique qui en a amené une autre, puis une autre, et ainsi de suite… une Playlist autour de laquelle le spectacle s’est construit. On nous emmène, de manière frénétique, au travers des classiques de la chanson françaises, de J-Pop et des tubes iconiques des années 2000. Les comédien.es évoluent sur scène avec folie, dansent, lancent musique après musique, évoquent les rêves qui les relient et les émotions qui les remuent – avec en fil rouge, leurs souvenirs.
Car Playlist parle bien de ça, de musique et d’émotion. D’une musique qui peut, dans ses paroles et sa mélodie, faire écho en chacun de nous. Un écho qui rebondit différemment, qui mue et se construit, une réponse plurielle au départ d’un même son. Cette richesse, ils l’explorent, jouent avec et sollicitent même le public : si votre plus grand amour revenait, après que vous ayiez tiré un trait et continué votre route, s’il était là, sur votre pallier, et qu’il vous disait avoir tout quitté pour vous… quelle musique auriez-vous en tête ?

On est presque déçu que le spectacle ne dure pas plus longtemps, mais c’est que le jeu avec le public est intelligemment mené et le temps passe vite. Playlist est un spectacle drôle et touchant, qui provoque le rire et, l’air de rien, tout à la fin, nous touche en douceur. Une musique parle de tout, des moments de joie comme de tristesse ; elle peut évoquer le passé, les erreurs, les regrets. Les moments sombres qui, d’une manière ou d’une autre, nous ramèneront à ce qui nous rend humains, sans pour autant nous enlever l’espoir. Et ça, Playlist le retranscrit bien.
Retrouvez Aline Bonvin, Philippe Annoni et Jérémie Nicolet sur leurs réseaux.
Le résumé donné par Friscènes, c’est ici.
Il n’y a pas de prochaine date connue pour ce spectacle. L’actualité des comédiens et la poursuite de ce spectacle est à suivre.
Amélie Gyger

Alors on danse ?
C’est fini… c’est déjà fini… c’est peut-être fini, c’est May B !
C’est un peu par hasard que je me suis retrouvé le lundi 21 mars à Equilibre pour assister à May B, un spectacle de danse. Je ne m’attendais à rien et la surprise fut grande !
(suite…)
Deux pièces pour le prix d’une ?
A force de déambuler, je me suis à nouveau retrouvé au théâtre ! C’était jeudi 31 mars à Nuithonie pour assister à une double représentation.
Po-Cheng Tsai est un chorégraphe taïwanais qui a remporté de nombreux concours et qui nous a présenté deux de ses pièces : Timeless et RAGE.
(suite…)