Animale, la bestialité et le traumatisme.

La Camargue et ses courses de taureaux, un soleil abrasif qui fait coller la peau, du sang qui gicle sur les habits et la bave qui coule, savonneuse et bouillante sur le museau de bêtes enragées, voilà l’atmosphère du film « Animale » de Emma Benestan qui est présenté dans la compétition internationale du NiFFF 2024.

Nejma souhaite participer aux courses Camarguaises. Un univers très masculin, chose qu’on ne manque pas de lui rappeler encore et encore. Lors d’une sortie un peu trop arrosée, elle s’évanouit et se réveille avec des images et sensations dérangeantes. Elle constate peu après des évènements étranges dans la région. Des palissades détruites, des peaux étranges que l’on retrouve et ses compagnons de soirée qui se mettent peu à peu à mourir dans des circonstances brutales. Un taureau terrorise la région. La réalisatrice livre un récit qui ne manque pas d’éveiller de vives émotions, racontant les difficultés d’une héroïne à s’accomplir dans un univers sauvage et bestial. Le fantastique, s’infiltre dans les pores de la réalité à travers de petites fentes dans le fait qu’il ne suffit pas de grand-chose pour suggérer un trouble, un doute en ce qui concerne le caractère étrange des taureaux qui grouillent dans les plaines. Des plans dans la brume et la nuit, montrant les bêtes hérissant leurs deux grandes cornes blanches, suffisent pour graver des images mémorables. Le simple plan d’un taureau qui regarde la caméra peut susciter le malaise, comme le regard à travers la rétine d’une bête qui nous renvoie notre propre animalité. La relation entre humain et animaux est un lieu commun du fantastique qui se manifeste régulièrement dans le fait qu’il permet de dialoguer avec une partie oubliée de notre héritage ancestral. Ce code est ici parfaitement traité. L’essentiel du film repose ainsi sur l’opposition de deux mondes, celui des taureaux fougueux, énervés, enragés, vêtus de leur couleur noire qui les fait disparaître dans la nuit et le monde des chevaux, celui d’une animalité domestiquée, maitrisée qui se veut contrôlée et habillée d’une parure blanche. Ainsi l’opposition s’explicite dès les débuts du film en montrant, avec un plan zénithal, des cavaliers sur leurs chevaux encercler une harde de taureaux, dans un contraste montrant ainsi une couche, un périmètre qui tente de dissimuler, d’enfouir la bestialité ne laissant entrevoir que la partie docile et sage. Les nombreux gros plans du long métrage permettent de rendre compte des textures et des matières. Ainsi l’on sent le sang, la sueur, la poussière gonflée par le piétinement des bêtes, la boue ou le bave. Cela permet d’instaurer une reconnexion avec la corporalité qui se manifeste à travers la transformation qui reflète les états d’âmes de l’héroïne brillamment interprété par Oulaya Amamra. Il serait aussi injuste de ne pas mentionner la façon dont la Camargue offre un décor insolite mais aussi parfaitement approprié à cette histoire de bête féroce, principalement en raison du fait que la cinéaste parvient, par ces plans, à lui conférer une aura mystique et pesante. C’est une excellente proposition d’une réalisatrice à suivre qui livre un long métrage au carrefour entre plusieurs genre entre le film fantastique, le coming of age, le revenge movie avec également une touche de western.

Maximilian John Bremner

Animale, la bestialité et le traumatisme.

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