Festival du Film Locarno 2015

La rétrospective du festival du film de Locarno est dédiée à Sam Peckinpah, un de ces réalisateurs à la filmographie éparse et peu dense, mais dont quelques films tiennent fermement à laisser leur marque.

Par grand bonheur, c’était le cas vendredi 7 août où, dans la même journée, les trois films les plus emblématiques du maître des violents gentlemen étaient diffusés. J’ai nommé Croix de Fer (Cross of Iron), La Horde Sauvage (The Wild Bunch) et Guets-Apen (The Getaway).

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Steve McQueen dans « The Getaway », la classe en mode seventies dans toute sa splendeur.

Chacun de ces trois films emblématiques nous présentent des fusillades violentes et sanglantes, mais leur contexte varie toujours, leurs personnages les amènant de manière personnelle. Parfois, le bain de sang est amené en voulant l’éviter, parfois il en est le but direct. Que ce soit la bêtise humaine dans la Croix de Fer, la stupidité et la maladresse dans the Getaway (presque une comédie, dont certains personnages semblent tout droit sortis d’un film des frères Coen) ou bien encore le romantisme violent de la Horde sauvage, le sang coule toujours. Peckinpah est donc un réalisateur ambigu, dont on ne sait jamais trop s’ils prône la violence ou la paix. C’est pourtant bien dans les personnages, sous la surface, que l’on peut commencer à entrevoir les rouages derrière cette violence, et que celle-ci ne sort pas de nulle part, mais bien du genre humain.

L'infatigable caporal Steiner (James Coburn), un des personnages les plus emblématiques de la filmographie de Peckinpah.

L’infatigable caporal Steiner (James Coburn) dans « Croix de Fer », un des personnages les plus emblématiques de la filmographie de Peckinpah.

Cette même relation peut être trouvée dans un des réalisateurs où l’influence se fait le plus sentir: John Woo, le réalisateur hong-kongais de films d’actions, émigré à Hollywood, directement inspiré par Peckinpah. Le cinéma de Woo y est intéressant, puisque les bons sentiments y sont encore plus exacerbés, là où Peckinpah les évoque seulement, parfois juste en les frôlant.

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« La Horde Sauvage » marqua les esprits ainsi que toute une nouvelle génération de réalisateurs, lors de sa sortie controversée en 1969.

La rétrospective Peckinpah est également l’occasion de nous présenter quelques témoignages du réalisateur: un de ses anciens éditeurs, qui évoque ses problèmes avec les studios, mais aussi et notamment Santa Berger (l’infirmière de la Croix de Fer) qui nous parle avec émotions d’un homme sensible et sur la pente glissante durant toute sa carrière, qui finira dans l’alcoolisme le plus complet. Elle nous en parle comme un homme ayant horreur de la violence, et qui espérait la rendre inhumaine à un point que les gens en soient dégoûtés. Qu’il ait réussi ou pas, une chose est sûre, certains de ses films nous offrent un commentaire qui peut encore être perceptible aujourd’hui, et toucher ainsi une nouvelle génération de spectateurs.

AC

Colportage interdit : interview de Daniel Duqué

Le 25 mai dernier, j’ai eu l’occasion d’assister à une projection de presse du dernier long-métrage de Daniel Duqué : Colportage interdit. Ce film m’ayant particulièrement plu, je lui ai consacré une chronique que vous pouvez retrouver sur notre Soundclound.

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Neptune Frost : La machine et le fantôme

Si je devais citer une de mes œuvres cinématographiques préférées, Ghost in the shell de Mamoru Oshii en ferait partie et quand je vis que parmi les film de la compétition officielle se trouvait un de ce genre d’origine Rwandaise, je fus tout naturellement curieux et, après le visionnage, quelques peu désenchanter.

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Titania, ou les rêveries de l’astronaute solitaire

En janvier dernier, Michaël Gay des Combes se trouvait au Nouveau Monde pour une résidence d’écriture organisée par l’Épître : une pièce vide, une semaine d’isolement, tout le temps du monde pour écrire. De-là est née Titania, création théâtrale jouée et présentée dans la petite pièce qui l’a accueilli durant une semaine. Retour sur ce voyage insolite avec Amélie Gyger.

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Mon père est une chanson de variété

Chère belle-maman,

J’ai été fort triste de ne pas t’avoir eue à mes côtés au théâtre Nuithonie pour assister à Mon père est une chanson de variété et j’imagine que ma peine est partagée. Mais ne t’en fais pas, sèche tes larmes car je vais te décrire quelle merveilleuse expérience ce spectacle était.

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FriScènes 2023 – Ici jouera Zarathoustra!

Un mariage entre théâtre et philosophie, ce ne serait pas la première fois que ça arrive… et pourtant, ce spectacle-là est un mélange bien particulier. Plongeons-nous dans une production théâtrale singulière qui explore Nietzsche à sa manière : après tout, pourquoi parler quand on a un corps que l’on peut mouvoir ?

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FriScènes 2022 – Playlist

Tout juste sorti.es des Teintureries, trois comédien.nes émergent.es, Aline Bonvin, Philippe Annoni et Jérémie Nicolet, se sont produit.es à Friscènes le 9 octobre. Leur spectacle Playlist a été sélectionné dans le cadre du Prix de la Relève suisse romande et créé spécialement pour le festival. Retour sur un spectacle musical.

Les comédien.es déposent des billes dans un bocal… mais pourquoi ? | Photo : Andreas Eggler

Le public entre. Sur scène, un piano, un bocal plein de billes : c’est tout. Ils sont trois, deux comédiens et une comédienne, vêtu.es de combinaisons semblables – l’un rouge, l’autre vert, la troisième bleue – en plein échauffement à vue. Les articulations craquent. Ça discute.

« – Quelle musique pour la fin du monde ? 
   – Sparkles, de Radwimps ! »

Ils jouent au « jeu de la musique ». L’un pose une question, les deux autres doivent répondre. Quelle musique pour ton enterrement ? Et pour ton mariage ? Et pour ton meilleur petit-déjeuner ? On débat, on se contredit et parfois on se retrouve. Le trio s’amuse, chauffe sa voix ; bruit de fond tandis que les gradins se remplissent. Puis le public se tait, et alors c’est le show : à fond la musique, les lumières multicolores et les chorégraphies.

La pièce est aussi construite sur des moments d’impro. | Photo : Andreas Eggler

L’idée est venue d’une musique en particulier, une musique qui en a amené une autre, puis une autre, et ainsi de suite… une Playlist autour de laquelle le spectacle s’est construit. On nous emmène, de manière frénétique, au travers des classiques de la chanson françaises, de J-Pop et des tubes iconiques des années 2000. Les comédien.es évoluent sur scène avec folie, dansent, lancent musique après musique, évoquent les rêves qui les relient et les émotions qui les remuent – avec en fil rouge, leurs souvenirs.

Car Playlist parle bien de ça, de musique et d’émotion. D’une musique qui peut, dans ses paroles et sa mélodie, faire écho en chacun de nous. Un écho qui rebondit différemment, qui mue et se construit, une réponse plurielle au départ d’un même son. Cette richesse, ils l’explorent, jouent avec et sollicitent même le public : si votre plus grand amour revenait, après que vous ayiez tiré un trait et continué votre route, s’il était là, sur votre pallier, et qu’il vous disait avoir tout quitté pour vous… quelle musique auriez-vous en tête ?

Le projet a été imaginé et créé lors d’une soirée entre amis. | Photo : Andreas Eggler

On est presque déçu que le spectacle ne dure pas plus longtemps, mais c’est que le jeu avec le public est intelligemment mené et le temps passe vite. Playlist est un spectacle drôle et touchant, qui provoque le rire et, l’air de rien, tout à la fin, nous touche en douceur. Une musique parle de tout, des moments de joie comme de tristesse ; elle peut évoquer le passé, les erreurs, les regrets. Les moments sombres qui, d’une manière ou d’une autre, nous ramèneront à ce qui nous rend humains, sans pour autant nous enlever l’espoir. Et ça, Playlist le retranscrit bien.

Retrouvez Aline Bonvin, Philippe Annoni et Jérémie Nicolet sur leurs réseaux.
Le résumé donné par Friscènes, c’est ici.
Il n’y a pas de prochaine date connue pour ce spectacle. L’actualité des comédiens et la poursuite de ce spectacle est à suivre.

Amélie Gyger

Alors on danse ?

C’est fini… c’est déjà fini… c’est peut-être fini, c’est May B !

C’est un peu par hasard que je me suis retrouvé le lundi 21 mars à Equilibre pour assister à May B, un spectacle de danse. Je ne m’attendais à rien et la surprise fut grande !

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Deux pièces pour le prix d’une ?

A force de déambuler, je me suis à nouveau retrouvé au théâtre ! C’était jeudi 31 mars à Nuithonie pour assister à une double représentation.

Po-Cheng Tsai est un chorégraphe taïwanais qui a remporté de nombreux concours et qui nous a présenté deux de ses pièces : Timeless et RAGE.

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